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La communauté tunisienne en Italie passe à l’offensive contre la xénophobie de Matteo Salvini

Leoluca Orlando, maire de Palerme, défend les migrants tunisiens.

Sur le Vieux Continent, il est de notoriété publique que la haine de l’étranger constitue le pain quotidien des partis d’extrême-droite. En Italie, par exemple, Matteo Salvini, le leader populiste de la Ligue du Nord italienne, a construit sa fortune politique sur le thème de la détestation du Nord-Africain. Dernièrement, à court d’idées ou poussant encore plus loin sa maladive xénophobie, Salvini a mis en scène une vidéo qui a pris pour cible une famille tunisienne… Les Tunisiens vivant en Italie et la société civile italienne se sont organisés pour riposter…

Par Marwan Chahla

Une feature d’Al-Jazeera, rédigée par la journaliste free-lance Stefania D’Ignoti, décrit cette contre-offensive anti-Salvini, la richesse du débat sociétale qu’elle suscite en Italie et l’étendue de son succès.

L’article évoque le cas de Ramzi Harrabi, ce citoyen qui, jusqu’à une date récente, se considérait «chez lui en Sicile où il a vécu depuis une vingtaine d’années.»

«Ma seconde patrie marchait sur la tête», dit Ramzi

«En 2018, avec l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement populiste et la prise de fonction de Matteo Salvini à la tête du ministère de l’Intérieur, il s’est passé quelque chose d’étrange en Italie. Je ne m’y retrouvais plus. Je n’en croyais pas mes yeux: ma seconde patrie marchait sur la tête», se désole le Tuniso-sicilien Ramzi.

Commentant le triste épisode de la montée en puissance du racisme de la Ligue italienne qui a vu son chef Salvini mettre en scène sa «chasse aux sorcières» anti-immigration, Harribi a confié à Al-Jazeera que cela lui a rappelé «les opérations de ratissage anti-juif que menaient les chemises noirs fascistes, sous Benito Mussolini…»

Ramzi Harrabi, artiste tunisien résidant en Italie.

Et pour cette raison, les Harrabi et autres Tunisiens, «qui n’ont rien à se reproche », ont décidé de se ressaisir pour monter au créneau et faire entendre leur voix. «La voix de ceux d’entre les étrangers vivant en Italie qui travaillent durement, qui triment comme ils peuvent, qui tentent de s’intégrer et qui font tout pour s’intégrer… et contribuent comme ils peuvent à l’économie italienne.»

Ce sursaut semble avoir payé, puisque l’Italie silencieuse s’est jointe à ce mouvement de protestation anti-Salvini. On compte dans les rangs de ce rejet du racisme de l’extrême-droite italienne, toutes les catégories de la société italienne – de l’ouvrier simple à l’enseignant du supérieur… Tous s’indignent que le débat politique, dans leur pays, soit tombé aussi bas pour opposer les Italiens aux immigrés.

La communauté italienne vivant en Tunisie dépassait la centaine de milliers

Un retour sur l’histoire des relations entre la Tunisie et l’Italie peut corriger certaines erreurs qui sèment la discorde et calmer les esprits. C’est ce que tente de faire Daniela Melfa, professeure en Relations euro-méditerranéennes à l’Université de Catane. Pour cette universitaire, il suffit d’un petit saut en arrière pour se rendre compte de la solidité des liens qui unissent Tunisiens et Italiens: «Il n’y a pas à aller chercher très loin, explique-t-elle. C’est étrange qu’on ait oublié que, durant les années ’20 du siècle dernier, la communauté italienne vivant en Tunisie dépassait la centaine de milliers… Et les Tunisiens vivant en Italie sont chez nous depuis plusieurs décennies, c’est-à-dire longtemps avant ce que l’on appelle aujourd’hui ‘la crise des réfugiés’…»

Ramzi Harrabi et les autres activistes – tunisiens, italiens et autres – ont organisé une marche à Palerme où le maire de la ville, Leoluca Orlando, fervent défenseur des droits des migrants, ne voulait en aucun cas rater l’occasion de faire entendre sa voix…

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