Elyès Fakhfakh ne sera que le Premier ministre de Kaïs Saïed et en plus, il est sûr d’obtenir la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), mais Qalb Tounes ne votera pas en sa faveur. C’est qu’a affirmé le très culotté et très bavard député de ce parti, Yadh Elloumi, sur les ondes de Mosaïque FM, hier, mardi 25 février. Avant de se lancer dans un mauvais procès au président Saïed.
Par Imed Bahri
En réalité, si le gouvernement Fakhfakh ne parvient pas, lors du vote d’aujourd’hui, mercredi 26 février 2020, à atteindre la majorité absolue à l’Assemblée, les députés de Qalb Tounes lui voteraient sans doute la confiance afin d’éviter le scénario catastrophe de la dissolution, tant redouté par le parti du très sulfureux magnat de la télévision et de la publicité Nabil Karoui. Lequel ne pourra plus bénéficier du vote utile car il se trouve en perte de vitesse vertigineuse dans l’opinion publique et, surtout, parmi ses propres électeurs, qui se sentent floués et roulés dans la farine. Et pour cause : après leur avoir juré la main sur le cœur et un trémolo dans la voix que son parti ferait tout pour barrer la route devant Ennahdha, à peine les résultats des législatives ont-ils été annoncés qu’il s’est jeté, lui et son parti, avec armes et bagages, dans les bras du parti islamiste. Dont il est aujourd’hui l’otage… Et le serviteur zélé.
Kaïs Saïed, le poil à gratter de Qalb Tounes
Yadh Elloumi, dont la passion actuelle est de s’acharner – non pas sur Ennahdha, dont il faisait l’incarnation du mal absolu pendant la dernière campagne électorale – mais sur l’adversaire actuel du parti islamiste, Kaïs Saïed en l’occurrence, le challenger qui a battu à plate couture Nabil Karoui lors de la dernière présidentielle…, Iyadh Elloumi, donc, n’a pas manqué, hier, sur Mosaïque FM, d’assouvir sa nouvelle passion en lançant au président de la république: «Il a dit qu’il n’y avait qu’un seul président. Je lui dis il n’y a qu’Allah qui est unique».
Rappelons que M. Saïed a dit qu’il n’y avait qu’un seul chef d’Etat, qui est le président de la république, en réponse aux islamistes qui soulignent le caractère parlementaire du régime tunisien actuel pour présenter Rached Ghannouchi comme le Guide Suprême.
M. Saïed n’a pas dit qu’il y avait un seul président, comme le lui font dire ses détracteurs, mais la mauvaise fois de Yadh Elloumi n’a d’égale que sa «piété» affichée en faisant les ablutions et ses prières à l’Assemblée avec les députés Al-Karama ou en se parant de sa jebba du vendredi pour aller parler dans les médias… toujours pour dire du mal de Kaïs Saïed, son poil à gratter et la bête noire de son patron.
Yadh Elloumi saute du coq à l’âne
Yadh Elloumi n’a pas aussi manqué de crier au complot en prétendant que le régime parlementaire – aujourd’hui incarné par le président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi, le chef des islamistes – serait menacé par le président de la République et que la IIe République serait en danger. Il a conclu que Montesquieu a évoqué la séparation des pouvoirs et n’a pas dit qu’un jour tous les pouvoirs doivent être monopolisées par Kaïs Saïed, attribuant à ce dernier des volontés et des projets qu’il n’a jamais exprimé, allant jusqu’à le qualifier de… futur dictateur. Ce qui est pour le moins exagéré…
En bon expert comptable, M. Elloumi est sans doute fort en calcul. Mais un bon calculateur ne fait pas forcément un bon dirigent politique. La preuve, cet homme s’est toujours gouré : ancien membre du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti au pouvoir sous la dictature de Ben Ali, qu’il a rejoint dans le tard, il a rallié, au lendemain de la chute de l’ancien régime, le 14 janvier 2011, un vague mouvement destourien, mort-né, avant de se mettre, toujours par calcul, au service de Moncef Marzouki et de son défunt Congrès pour la république (CPR), puis, passant du coq à l’âne, sans jeu de mot inutile, a échoué dans le parti de Nabil Karoui, Qalb Tounes, un ramassis d’opportunistes de tous bords, sans foi ni loi…
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