Par la voix de son député Oussama Khelifi, Qalb Tounes a essayé de faire bonne figure en déclarant que le parti de Nabil Karoui, qui a choisi de se placer dans l’opposition au gouvernement d’Elyès Fakhfakh (en fait ce dernier n’a pas voulu de lui), accepte les règles du jeu politique et promet de jouer son rôle parlementaire «de manière constructive»… «Nous serons une force de proposition», assure-t-il…
Dans une déclaration à la presse, très tôt dans la matinée d’aujourd’hui, jeudi 27 février 2020, le dirigeant et député Qalb Tounes cachait mal sa colère que les choses à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) se soient passées, lors du vote de confiance pour le gouvernement d’Elyès Fakhfakh, «sans» le parti de Nabil Karoui. Avec 129 voix pour, 77 contre et une abstention, le chef de gouvernement désigné par M. Saïed a réussi cette première épreuve sérieuse…
Un appui parlementaire de plus de 62% à l’équipe gouvernementale Fakhfakh ne semble pas convaincre Oussama Khelifi. Pour lui, ce soutien «ne pourrait pas tenir la route. Et nous le savions à l’avance: cette équipe formée par Elyès Fakhfakh a un socle fragile. Avec l’appui dont elle dispose à l’ARP, elle ne pourra jamais faire grand’chose. Tenez, par exemple, elle ne pourra pas faire adopter une loi portant création d’une institution constitutionnelle, qui permettrait à notre pays de compléter définitivement le processus de sa transition démocratique.» Une telle loi, pour être adoptée, nécessiterait, en effet, une majorité des deux-tiers que le gouvernement Fakhfakh aurait du mal à réunir.
Cachant mal son amertume face à cette mise à l’écart de Qalb Tounes, M. Khelifi trouve consolation dans ce qu’il considère comme étant la «bonne voie toute tracée du parti» de Nabil Karoui: «Pour nous, les choses sont claires. Nous avons choisi, avec discernement, d’être dans l’opposition et nous jouerons pleinement ce rôle et de la manière la plus constructive».
Oussama Khelifi explique que Qalb Tounes, puisant dans ses programmes électoraux pour les dernières présidentielle et législatives, «sera une force parlementaire de propositions…»
A écouter le député Qalb Tounes, son parti ne complotera pas, ne combinera pas, ne jouera pas l’obstruction. «Il fera tout pour servir l’intérêt supérieur du pays.» Traduire : il s’opposera, certes, mais pas trop, seulement pour la forme ! Et pour cause, son président, Nabil Karoui, poursuivi en justice dans des affaires d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent, n’a pas intérêt à se mettre l’Etat sur le dos.
M. Ch.
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