Le nouveau chef de gouvernement Elyès Fakhfakh a pris ses fonctions cette semaine. Nous lui souhaitons beaucoup de réussite dans sa mission. Car sa réussite rejaillira positivement sur la Tunisie et les Tunisiens. Mais la réussite d’un chef de gouvernement, dans le système politique actuel en Tunisie, a une condition primordiale.
Par Chedly Mamoghli *
Pour réussir, un chef de gouvernement ne doit pas penser à combien va-t-il durer dans son poste mais à l’action qu’il mènera pour en être à la hauteur. S’il est obsédé par l’idée de durer, il passera son temps à faire des concessions à différentes parties et in fine, il ne fera rien et par ricochet, il ne réussira pas.
Il ne doit pas non plus penser à devenir président de la République mais à assumer pleinement sa mission de chef de gouvernement et à se donner les moyens de bien la mener.
Eviter la guéguerre entre la Kasbah et Carthage
Penser à la présidence, d’abord détériore les rapports avec le président de la République, surtout si celui-ci a la possibilité de se représenter. Et c’est le cas du président Kaïs Saïed, faut-il le rappeler. On entre alors dans un contexte rivalité, de mésentente, de guerre froide ou carrément déclarée entre les deux têtes de l’exécutif. Et c’est le pays qui en subira les conséquences et en payera les pots cassés.
Ensuite, si le chef du gouvernement commence à penser à la présidence de la République, il n’agira plus de manière rationnelle et désintéressée et ne prendra plus les décisions en fonction de l’intérêt général et en fonction de leur utilité pour le pays mais en fonction de sa petite personne, de ses ambitions politiques et de ses chances électorales, réelles ou présumées. Et de la sorte, il ne réussira pas.
De toute les manières ça ne vaut même pas la peine d’y penser car un chef de gouvernement, surtout quand il n’est pas élu au suffrage universel mais seulement désigné, ne peut pas devenir juste après président de la République car toute personne qui occupe le poste de chef de gouvernement est cramée (il devient la cible de tous, et tous les coups sont encaissés par lui, à tort ou à raison). Demandez à Youssef Chahed, le dernier en date à avoir tenté de passer du palais de la Kasbah à celui de Carthage, sans succès, et il vous le dira.
Ça ne vaut même pas la peine d’y penser
En définitive, le chef du gouvernement ne doit pas penser ni à durer ni à devenir président de la République. Il doit être habité par l’action et uniquement l’action et prendre les décisions qui servent le pays et non pas sa carrière.
Un chef de gouvernement s’il veut réussir, et si c’est un homme d’Etat, doit agir de la sorte. Par contre, s’il s’obstine à vouloir devenir chef de l’Etat, ni il réussira en tant que chef de gouvernement ni il deviendra président de la République. Et, ainsi, il desservira son pays sans servir ses intérêts.
* Juriste.
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