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Erroui (Jendouba) : «L’eau est en face de nous et nous mourons de soif !»

Vue sur Erroui, derrière un robinet hors service.

«L’eau est en face de nous et nous mourons de soif !», tel est le cri de détresse de 160 familles de la localité d’Erroui à Hamam-Bourguiba, dans la délégation de Ain Draham (Jendouba), rapporté dans un article d’Inès Labiadh, du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).

Les habitants de la localité d’Erroui n’ont accès à l’eau potable que par intermittence.

Dans cette région considérée comme le château d’eau de la Tunisie, les habitants dépendent d’un groupement de développement agricole (GDA d’Erroui) pour leur consommation d’eau potable. Mais comme ce groupement est endetté (2.900 DT) à cause d’importes fuites d’eau sur le réseau, la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede) a coupé l’alimentation des 4 robinets depuis juin 2019, ce qui a assoiffé les habitants.

Femmes et enfants doivent couvrir chaque jours 4h de marche pour s’approvisionner en eau à l’Oued Saboun à la frontière algérienne, dont l’hygiène n’est pas contrôlée par les services sanitaires, d’où la maladie des habitants.

Or, le barrage Barbra situé à environ 3 km d’Erroui est principalement destiné à fournir de l’eau potable, contrairement à d’autres dont l’eau sert surtout à irriguer les terres ou à fournir de l’énergie, ce qui soulève un paradoxe de la soif dans les régions les plus riches en ressources en eau du pays, auquel les autorités ne semblent pas vouloir remédier.

Chaque famille a droit quotidiennement à 4 bidons de 20 litres d’eau par jour au prix de 25 millimes le bidon.

Depuis sa mise en place, le réseau d’eau du douar subit d’importants défauts qui provoquent des ruptures incessantes dans les canalisations, d’où baisse du débit. Comme la réparation ne se fait jamais correctement, les problèmes persistent. Les habitants se voient donc obligés de cotiser pour aider le GDA à payer sa facture et continuer à bénéficier de l’eau, tout en n’étant pas responsables des fuites occasionnées.

Une fois les dettes payées, la Sonede rétablit le service d’alimentation seulement pour quelques jours, avant de le couper à nouveau.

Pire: avant d’arriver au GDA d’Erroui, l’eau est acheminée depuis le barrage Barbra pour desservir aussi d’autres GDA dans la région, des maisons du douar Bhiret Ezzitouna et le complexe hôtelier de Hammam-Bourguiba. Mais là aussi, beaucoup d’eau est gaspillée. Les conduites, qui sortent de la station de la Sonede, rejettent l’eau directement dans la nature.

Certains ont profité de cette situation sanitaire à des fins électorales, dont un député de la région qui a promis aux habitants du douar Erroui de payer leur dette s’ils votaient pour lui. Il est maintenant élu, mais il n’a pas tenu parole, en tout cas pas pour l’instant…

A. M.

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