Pour l’auteur, un vaccin contre le coronavirus, en espérant qu’il soit prêt dans 10 ou 12 mois, n’offrira pas le remède miracle contre cette pandémie. Le seul remède, à ce jour, reste la prévention, c’est-à-dire le confinement massif de la population pour briser la chaîne de contamination.
Par Hichem Jouaber *
Je lis par-ci et par-là que nous sommes aux portes de trouver un vaccin pour le coronavirus.
En effet il y a plusieurs équipes dans le monde qui travaillent d’arrache pieds pour trouver un vaccin dans une course effrénée pour la primauté et pour sauver nos vies.
Chaque équipe a choisi un axe de recherche soit en partant d’un vaccin existant contre un virus ayant une ressemblance avec celui du coronavirus (comme le virus de la rougeole) soit en partant d’un processus dit page blanche.
Un vaccin pourrait être prêt dans 10 à 12 mois
Ce qui est certain, c’est que nous trouverons un vaccin mais pas dans les délais que certains veulent nous le faire croire.
Le cycle habituel pour le développement d’un vaccin de bout en bout (en partant de zéro) peut durer au minimum 6 ans. Heureusement pour nous, les phases amont sont déjà connues puisque l’on connaît les gènes du virus et la chaîne de protéine qui le stopperait. Nous pouvons considérer aujourd’hui que nous sommes effectivement en phase 2 dite d’évaluation préclinique surtout pour les équipes israélienne, française et allemande.
De plus ce cycle pourra être accéléré vu l’urgence en adoptant les phases d’essais cliniques parallèles et simultanées dans plusieurs pays et plusieurs laboratoires pour les candidats vaccins les plus prometteurs.
J’estime pour ma part que d’ici 10-12 mois nous pouvons disposer d’un vaccin qui aurait prouvé son efficacité et sa stabilité.
Mais notre problème essentiel sera la capacité de produire à grande échelle ce vaccin et de le distribuer et l’administrer à toute l’humanité.
Y aura-t-il un vaccin pour tout le monde ?
C’est ici que résident le point faible et l’incertitude car les capacités de production des vaccins dans le monde sont déjà saturées et en construire de nouvelles prendrait des années et coûterait des dizaines de milliards de dollars que seuls quelques pays et groupes pharmaceutiques pourraient dégager
Nous serons donc dans une gestion de pénurie mondiale et des choix politiques et économiques douloureux et même inhumains seront obligatoirement faits.
Déjà le pays ou les pays propriétaires du vaccin feront tout pour s’assurer que les doses produites aillent en priorité à leur population
Le reste sera reparti sur les autres pays en fonction de leur pouvoir politique et de leur puissance à taper sur la table sans parler de leur pouvoir financier.
Dans le passé nous avons vu des pays discuter avec les producteurs pour s’accaparer le maximum de produits en prenant sur la part des pays les plus faibles et les plus pauvres. Rappelez-vous par exemple l’affaire du Tamiflu il y a quelques années, et encore là il s’agissait d’un simple médicament connu et la décision de l’Inde de passer outre la propriété intellectuelle du produit et de décider de le fabriquer sans autorisation pour soigner sa population.
Quoi qu’il en soit, une fois qu’un pays dispose d’un certain nombre de doses de ce vaccin. Comment les autorités de ce pays vont-elles décider qui vacciner et qui devrait attendre peut être sans jamais l’être?
Comment décider qui vacciner en premier ?
Même dans le cas où un pays est gouverné par un gouvernement qui respecte le droit (et la constitution) et où il n’y a aucun passe-droit, les plans de sauvegarde prévoient un certain nombre de règles pour décider qui vacciner en premier. En voici un qui est généralement prévu par plusieurs pays :
Les vaccins sont administrés selon les priorités suivantes :
1- les hautes autorités de l’Etat (président, gouvernement, parlement) et pas les membres de leurs familles;
2- le personnel médical : médecins, infirmiers, ambulanciers… et leurs conjoints et enfants;
3- les forces de sécurité (armée , police et douane) et pas les membres de leurs familles;
4- le reste de la population vient ensuite avec un système de tirage au sort.
En général le système de tirage au sort prévu est basé sur le jours/mois de naissance. Les 365 possibilités sont classées dans l’ordre de leur tirage et on commence par vacciner toutes les personnes qui le désirent et qui sont nées le jour et le mois de la combinaison tirée au sort en premier avant de passer aux personnes nées le jour et le mois du tirage suivant … en espérant avoir les doses suffisantes dans le temps pour vacciner tout le monde.
Bien évidement, je vous laisse imaginer le cas des pays ne respectant ni la transparence ni la loi et où les passe-droits sont monnaies courantes et qui de surcroît n’ont pas suffisamment de poids et de moyens pour obtenir rapidement les doses nécessaires.
Le salut ne viendra que par la prévention
Pour finir sur une note d’espoir. L’idéal serait de réussir à trouver un vaccin vivant avec un fort pouvoir de contagion. Dans ce cas, on pourrait vacciner 20% de la population et on inciterait les gens à se fréquenter au maximum et ainsi les vaccinés peuvent vacciner les autres par simple contagion.
Mais là, bien que je sache qu’il y a des recherches dans le domaine, malheureusement on ne sera pas prêt pour le coronavirus. Pas pour celui-là en tout cas.
Comme vous le voyez le salut ne viendra que par la prévention. Chacun doit se sentir responsable de lui-même, de sa famille, de ses voisins et de son écho-système.
Restez chez vous, diminuez vos contacts avec les autres et lavez-vous les mains continuellement. C’est notre unique et seul moyen pour arrêter ce virus
Que Dieu vous préserve
* Directeur général d’un cabinet de conseil français, ancien vice-président ‘Système de Production’ chez GlaxoSmithKline.
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