Comme tous les jours depuis l’apparition du coronavirus, Covid-19, en Tunisie, le ministère de la Santé a rendu publique, hier, 8 avril 2020, l’évolution de la propagation de la maladie en Tunisie, en termes de chiffres. Cependant, pour la première fois, les Tunisiens étaient confus et incapables d’évaluer cette évolution. En effet, les données mentionnées par le ministère étaient incomplètes.
Par Cherif Ben Younès
C’est presque devenu une coutume internationale. Tous les jours, le monde entier est à l’affût des dernières mises-à-jour liées à la propagation de la pandémie. En Tunisie, comme ailleurs, deux données permettent de relativement évaluer l’évolution de la situation épidémique : le nombre de tests effectués et le nombre de nouveaux cas confirmés.
L’idée est de déterminer la proportion des cas recensés par rapport au nombre total de tests de dépistage réalisés. Car sans ce taux, il est difficile de conclure quoi que ce soit.
Les statistiques doivent être significatives et pertinentes
La détection de 20 nouveaux cas de coronavirus, par exemple, n’a presque aucune signification en soi. Cela serait très alarmant si le nombre total d’analyses effectuées était de 30, parce que ça signifierait que les 2 tiers des tests se sont révélés positifs. En revanche, cette information serait beaucoup plus encourageante si le nombre d’analyses réalisées était de 400, ce qui voudrait dire que seulement 5% des tests ont été positifs.
Le ministère de la Santé a fait savoir, hier, que 5 nouveaux cas de coronavirus ont été détectés. Seulement, il n’était pas possible, pour les Tunisiens, de savoir si c’était vraiment une bonne nouvelle, comme elle en a l’air, car le nombre de tests annoncé (604) ne correspondait pas seulement à ceux qui ont été effectués pour détecter de nouveaux cas, mais également à ceux qui ont été réalisés sur des patients du Covid-19 pour savoir s’ils sont guéris ou pas.
D’ailleurs, si le ministère faisait tous les jours en sorte d’additionner implicitement, et donc sans qu’on ne se rende compte, ces deux types de données, dans les chiffres qu’il communique, alors toutes les données présentées jusque-là seraient biaisées!
Quid du nombre des malades hospitalisés, réanimés et/ou décédés ?
Dans tous les cas, il est invité à être plus précis, dorénavant, dans ses publications relatives à ses propres statistiques, en indiquant clairement le nombre de tests effectués sur des cas suspects et rien que les cas suspects. La donnée concernant le nombre de tests réalisés sur des individus déjà infectés est moins pertinente, mais il n’y a aucun mal à la fournir, à condition que cela soit de manière séparée.
D’autres statistiques sont pertinentes et méritent d’être fournies et analysées, comme le nombre de patients hospitalisés et celui de ceux parmi eux admis en réanimation ou encore le taux de patients décédés parmi ceux soumis à la réanimation.
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