Dans un communiqué en date du 7 avril 2020, des organisations de la société civile tunisienne estiment que les mesures du gouvernement contre l’épidémie du Covid-19 sont encourageantes mais qu’il faut des décisions plus fortes pour protéger les migrants et les réfugiés.
Dans le cadre des efforts de prévention et de riposte efficace à cette pandémie, le gouvernement tunisien a pris des mesures courageuses pour lutter contre ce fléau en décidant le confinement dans tout le pays et en mettant en place des aides sociales d’urgence à destination des plus démunis qui subissent de manière violente les conséquences de la crise sanitaire, sociale et économique.
Les ministres de l’Intérieure, des Affaires sociales et des Droits de l’Homme et des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, ont lors d’une réunion, le 7 avril, pris des mesures positives en faveur des étrangers résidents en Tunisie.
Les dates de fin de visas et les implications financières sont ainsi suspendues, il a été décidé que des aides financières et en nature seront spécifiquement octroyées et les bailleurs ont formellement été demandés de reporter les loyers des mois de mars et avril 2020.
Ce sont des mesures positives que nous encourageons et qui doivent être suivies par d’autres mesures pour répondre d’une manière durable aux enjeux qui se posent.
Nous, organisations de la société civile tunisienne, continuons à exprimer notre profonde préoccupation face à l’extrême précarisation des plus vulnérables et en particulier ceux dont le statut les prive du droit à la santé: les migrants.es, les réfugiés.es et les demandeurs d’asiles présents sur le territoire tunisien.
La directrice générale d’Unicef a déclaré le 1er avril 2020 : «La pandémie de Covid-19 pourrait dévaster les populations de réfugiés, de migrants et de personnes déplacées à l’intérieur du pays sans une action internationale urgente».
Nous insistons sur la double vulnérabilité de ces populations, souvent en situation d’exclusion sociale, vivant dans des conditions de promiscuité et privées aujourd’hui de toute source de revenu, pour faire face à l’épidémie et aux conséquences du confinement. Leur situation administrative amplifie fortement les risques et confronte les individus et leur famille à des obstacles insurmontables sans une intervention courageuse du gouvernement.
À ce jour, malgré des initiatives de différents acteurs de la société civile, il n’existe en Tunisie aucun plan national pour informer spécifiquement ces communautés et les orienter vers les permanences d’accès aux soins de santé et autres services de prévention, indispensables pour endiguer la pandémie sur l’ensemble du territoire tunisien.
Nous demandons donc au gouvernement de porter une initiative nationale afin d’instaurer un climat de confiance, rassurer ces populations et formaliser leur prise en charge, afin que leur droit à la santé, au même titre que les tunisiennes et tunisiens, soit garanti.
Conformément aux appels internationaux des militants des droits humains, nous demandons au gouvernement d’étudier les alternatives à la détention des réfugiés et des migrants vulnérables à la maladie bloqués dans les centres d’El Ouardia et de Ben Gardanne, et ce, eu égard à un risque élevé d’être gravement malade ou de mourir en cas de contamination.
Nous alertons sur la lourde responsabilité que constitue l’exclusion des migrants.es, des réfugiés.es et des demandeurs d’asiles présents sur le territoire tunisien du système de santé national et des aides économiques exceptionnelles mises en place, et sur toutes éventuelles pratiques discriminatoires qui seraient une atteinte à leurs droits fondamentaux et en contradiction avec les efforts déployés pour réduire les contagions et éradiquer la pandémie dans notre pays.
Nous demandons au gouvernement d’assumer cette responsabilité historique et de réunir les conditions pour une opération exceptionnelle de régularisation de migrants présents sur le territoire tunisien. Cette responsabilité répond aux différents appels des organisations tunisiennes de droits humains et aux préoccupations exprimées depuis plusieurs années et à plusieurs reprises par les partenaires sociaux face à la précarité et à l’exploitation des travailleurs irréguliers en Tunisie.
Les personnes réfugiées et migrantes vivent et travaillent à nos côtés et au sein de nos familles, elles ne peuvent être abandonnées. Elles sont venues en très grande majorité de l’Afrique, continent que nous partageons et avec lequel la Tunisie a fait le choix d’accroître le développement et la coopération mutuellement bénéfique. La solidarité nationale envers les plus vulnérables ne peut faire abstraction des circonstances extrêmes auxquelles sont confrontées les populations migrantes présentes sur notre territoire.
Nous, organisations de la société civile, faisons cet appel pour le droit à la santé pour TOUS.
Signatures :
- L’Union générale tunisienne du travail (UGTT)
- Le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES)
- L’association Citoyenneté, Développement, Cultures et migrations des deux Rives (CDCMIR)
- La Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l’Homme (LTDH)
- Association Tunisienne des femmes démocrates (ATFD)
- L’Union des Diplômés Chômeurs (UDC)
- Avocat Sans Frontières (ASF)
- Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture (REMCC)
- Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)
- Le Comité de Vigilance pour la Démocratie en Tunisie – Belgique (CVDTB)
- Association tunisienne de défense des droits de l’enfant (ATDDE)
- Association Bylhwem
- Ligue des Électrices Tunisiennes (LET)
- NOMAD08
- Association Tunisienne de Droit de la Santé
- Association Tunisienne pour la Justice et Légalité (DAMJ)
- ATL MST sida Tunis
- Atsr TATAOUINE
- Association Amal d’Environnement Métlaoui
- Association Développement Sans Frontières Moularès
- Association Tunisienne de Défense des Libertés Individuelles
- L’association Tunisienne de prévention positive (ATP+mAJDI)
- Tunisie Pôle Mondial de la Bonne Santé et du Bien-être de Tous (TPM BEST)
- Association Maghrébine de Sécurité Sanitaire des Aliments (AMSSA)
- Associations Arts et Cultures des deux Rives (ACDR)
- Association L’association Création et Créativité pour le Développement et l’Embauche (CCDE)
- Association des Tunisiens en France
- Médecin du Monde Belgique
- Free Sight Association
- Centre de Tunis pour la Migration et l’Asile
- Association Scientifique des études sur la Population, la Migration et la Société
- Union des Leaders Africains – association pour le Leadership et le Développement en Afrique
Députés :
Majdi Karbai
Zied Ghanney
Mohamed Ammar
Hichem Ajbouni
Amal Saidi
Anouar Ben Chahed
Lazher Chamli
Hatem Karoui
Ridha Zaghmi
Salem Khetata
Samia Hammouda Abbou
Sofiene Makhloufi
Salma Maalej
Farhat Rajhi
Lassaad Hajlaoui
Mohamed Bounanni
Mounira Ayari
Nabil Hajji
Nizar Makhloufi
Noemen Euch
Najmeddine Ben Salem
Mohamed Dhia Eddine Ben Amor
Personnalités :
Dr Raoudha Turki
Hechmi Ben Frej
Dr Hedi Achouri
Dr Fethi Mansouri
Dr Béchir Boussalmi
Sami Aouadi
Dr Mohamed Salah Ben Ammar
Hassène Kassar
Anware Mnasri
Dr Zahra Marrakchi
Youssouf Amadou
Dr Mouna Sakly
Mohamed Limem
Bedel Gnabli
Abdeljelil Bédoui
Hassen Boubakri
Dorra Mahfoudh Draoui
Romdhane Ben Amor
Tarek Ben Hiba
Moncef Guedouar
Leith Ben Becher
Pr Mouez Soussi
Seïfallah Tarchouni
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