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La ministre des Affaires culturelles Chiraz Laâtiri ne sait plus sur quel pied danser

La décision prise la ministre des Affaires culturelles, Chiraz Laâtiri, en milieu de semaine, de permettre la reprise des tournages des feuilletons ramadanesques, malgré le confinement sanitaire général décrété par le gouvernement tunisien, continue à créer la polémique en Tunisie. Et la concernée semble ne plus savoir sur quel pied danser…

Par Cherif Ben Younès

Hier soir, samedi 11 avril 2020, Chiraz Laâtiri a publié un statut facebook où elle a déploré les critiques qu’elle a reçues à ce sujet, considérant qu’en Tunisie, il y a «un énorme manque d’éducation à la culture», tout en appelant à «la mise en place d’un plan d’action pour remédier à ce fléau».

Et même s’il n’y a rien de mal à ce qu’elle a écrit (ça reste une opinion après tout), elle a supprimé, ce matin, son statut et s’en est même excusée…, sans doute suite au tollé général provoqué sur les réseaux sociaux et qui n’a pas épargné le gouvernement dont elle fait partie. Le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh en a eu, lui aussi, pour son grade. N’a-t-il pas avalisé la décision ô combien controversée de sa ministre?

Après l’attaque frontale, la marche-arrière toute…

Selon Chiraz Laâtiri, visiblement désorientée par la polémique qu’elle a elle-même provoquée, il y a eu «un malentendu»…

«Je ne voulais pas du tout offenser […] j’ai exprimé ma déception devant les commentaires sévères que j’ai reçus, du genre « on n’a pas besoin de la culture »», a-t-elle expliqué. «Mais, il semble que l’idée ne soit pas parvenue. Je m’excuse donc sincèrement auprès de tous ceux qui ont été offensés par ma publication, sachant que je l’ai retirée aussitôt qu’on m’a signalé le malentendu et son impact négatif. J’espère que mes excuses annoncent un nouveau départ pour un engagement sincère afin de faire avancer la vie culturelle», a-t-elle ajouté.

De là à penser que le chef du gouvernement (sans doute gêné aux entournures par cette affaire survenue à un moment où le pays traverse l’une de ses plus graves crises depuis son indépendance en 1956), lui a demandé de faire amende honorable (c’est un euphémisme), il y a un pas que beaucoup franchiraient volontiers…

En plus d’être versatile, Mme la ministre a du mal à être franche

La versatilité de Mme Laâtiri ne s’arrête malheureusement pas au niveau des statuts facebook…

Alors que le communiqué de son département ministériel avait clairement annoncé, le 8 avril, la décision de reprendre les tournages des feuilletons prévus pour le mois de ramadan, la ministre parle désormais – notamment dans son dernier statut facebook qu’elle n’a pas (encore ?) supprimé – d’«un sujet encore à l’étude avant de prendre la décision appropriée». Succombant ainsi, même si elle refuse de l’avouer, à la pression et aux critiques.

Et là ce n’est pas seulement la versatilité qui dérange mais surtout le manque de sincérité. Parce qu’il fallait simplement dire qu’il y a eu un changement d’opinion et que la pertinence de la décision gouvernementale est remise en question. Ça aurait été plus honnête et ça aurait facilité «le nouveau départ pour un engagement sincère», que Mme la ministre réclame, et dont on a désormais de bonnes raisons de douter de la… sincérité.

Notons que depuis sa nomination à la tête du ministère des Affaires culturelles, et plus précisément, le jour de la prestation de serment, Chiraz Laâtiri avait déjà donné un avant-goût de cet état d’esprit, en se couvrant la tête avec un foulard au moment de prêter serment, reprenant ainsi un geste moyenâgeux considérant la femme comme un objet sexuel, elle qui était censée incarner le modernisme dans le gouvernement d’Elyes Fakhfakh…

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