L’effet de la mer sur la qualité de l’air (humidité, vents marins et température) doit jouer un rôle crucial dans le taux de contagiosité du coronavirus (Covid-19), qui, étrangement, a fait beaucoup moins de victimes sur les rives nord et sud de la Méditerranée, qu’à l’intérieur du continent européen.
Par Pr Faouzi Addad *
La délégation de Boumerdes, dans le gouvernorat de Mahdia, est devenue tristement célèbre en Tunisie durant la période du Covid-19. Il s’agit de la ville où le 2e cas officiellement confirmé en Tunisie avait été déclaré. Le défunt âgé de 65 ans (paix à son âme) revenait d’Italie et malgré qu’il avait fait le tour des commerces de la ville, d’une clinique en ophtalomologie à Monastir, où il s’est fait opéré, de quelques médecins de la ville de Mahdia, il avait fini par être admis à l’hôpital Farhat Hached de Sousse, pour malheureusement décéder quelques jours plus tard (il s’agissait du 4e décès en Tunisie).
Les zones côtières sont-elles mieux protégées ?
Pourtant ce patient n’avait au total contaminé que sa femme et son frère. C’était finalement peut-être le premier signal que le degré de contagiosité du coronavirus serait assez faible dans notre pays. Ce même patient aurait probablement à lui seul contaminé de manière directe ou indirecte une centaine de personnes sur les continents américain, européen ou asiatique.
Les zones côtières semblent relativement protégées et notamment dans le pourtour méditerranéen. À titre d’exemple, le sud de l’Italie a été épargné, contrairement au nord, même si le nord a d’autres caractéristiques : c’est une région plus peuplé, plus industrialisée et ayant des liaisons aériennes plus fréquentes avec la Chine.
Un autre exemple éloquent est la Grèce, qui a un taux de 12 morts pour 1 million d’habitants, contre 415 pour l’Italie et 178 pour la Suisse. Pourtant la Grèce a la 2e population la plus âgée d’Europe (22% des Grecs ont plus de 65 ans) avec 55% de taux d’obésité.
De même, la mortalité à Marseille est la plus basse de France, mais ceci est aussi valable pour tous le sud de la France comparativement au nord. Le nombre important de tests de dépistage effectués par le Pr Didier Raoult au début de l’épidémie n’explique pas tout.
Retour au théorème de Boumerdes
L’effet de la mer sur la qualité de l’air, qu’il s’agisse de l’humidité, des vents marins ou de la température, doit jouer un rôle crucial dans le degré de contagiosité du virus dans l’air, d’autant que l’on sait aujourd’hui que l’air représente la principale source de contamination du Covid-19.
On peut imaginer que le même patient de Boumerdes aurait causé un désastre s’il était descendu dans le sud de la Tunisie. Rien qu’à voir ce qu’a pu engendrer comme cas de contamination un simple mariage à Kébili.
Le cas du patient décédé du coronavirus (on découvrit la cause de sa mort après coup) avant-hier, mardi 19 mai 2020, dans la même ville de Boumerdes, peut aussi être inquiétant car on ne connaît pas la source du virus mais il pourrait finalement s’avérer à l’origine de très peu de contaminations malgré ses funérailles auxquelles a assisté un grand monde.
La Méditerranée veille-t-elle sur nous ? Le littoral de 1.300 kilomètres de plages devient probablement protecteur pour notre pays et un autre facteur qui a facilité le «miracle tunisien».
En attendant une confirmation scientifique de cette hypothèse, restons vigilants durant cette période de l’Aïd Al-Fitr : port de masques, pas d’embrassades et vœux à distance via les nouvelles technologies.
* Professeur en cardiologie.
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