Le Dr Sapan Desai, le patron de la désormais tristement célèbre Surgisphère impliquée dans le scandale du ‘‘Lancet’’ sur l’Hydroxychloroquine, n’est pas à son premier ni à son dernier scandale médical.
Par Dr Mounir Hanablia
L’Ivermectine, ce traitement antiparasitaire confirmé de l’onchocercose, ou filariose, est en train d’être promu au rang de traitement potentiel du coronavirus, du moins en Bolivie et au Pérou, grâce à des techniques de pur marketing, dénuées de tout sérieux scientifique.
Une autre méta-analyse multicentrique du Dr Desai
À l’origine de ce qu’on ne peut considérer au mieux que comme un canular, il y a une fois encore le Dr Sapan Desai, le patron de la désormais tristement célèbre Surgisphère impliquée dans le scandale du ‘‘Lancet’’ sur l’Hydroxychloroquine, et son programme d’analyses de données appelé Quartz médical, grâce auquel il a publié ce qui serait selon lui une autre méta-analyse multicentrique, cette fois sur internet, dans laquelle il a affirmé que parmi les remèdes testés contre le coronavirus, il y avait l’Ivermectine qui aurait été testée sur 50 patients.
Evidemment cette information publiée début mai a eu des répercussions chez les décideurs de la santé publique dans des pays d’Amérique Latine qui ont décidé de stocker des quantités importantes de ce médicament, et la demande s’en est trouvée accrue considérablement auprès du public, à un point tel que des chercheurs qui ont exprimé scientifiquement leurs doutes sur la réalité de son efficacité dans la pandémie au Covid-19 ont été menacés de mort.
La recherche médicale a aussi ses charlatans
Mais une fois encore, l’étude publiée par le Dr Desai n’a pas convaincu sur la manière avec laquelle les données avaient pu être recueillies auprès des 176 hôpitaux à travers le monde, et dont certains, situés en Afrique, ne sont reliés à aucun système informatique.
Il y a déjà plusieurs années, le Dr Desai avait fait sur internet la promotion d’un produit appelé Neurodynamics flow qui selon développait les capacités intellectuelles. Il avait alors appelé à une collecte de 10.000 dollars auprès du public, sur un site informatique, pour ses travaux de recherche, puis après en avoir collecté quelques centaines, il avait cessé de répondre à ses souscripteurs.
Apparemment aux Etats Unis d’Amérique, cette manière d’agir n’est pas illégale; au 19e siècle des charlatans circulaient dans les coins les plus reculés du Far West pour vendre des élixirs de leurs propres compositions. L’un d’entre eux, un pharmacien, avait même fini par créer le Coca Cola.
À l’époque contemporaine, le problème commence lorsque dans des situations de pandémie mondiale, des revues scientifiques de référence s’y prêtent, au point d’influer sur des choix de politiques publiques.
Apparemment les voies de l’information scientifique sont en train prendre le pas sur l’information elle même. Décidément, cette pandémie Covid 19 n’a pas fini de nous surprendre, et de nous en apprendre.
* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.
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