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Covid-19 : La Tunisie est sur la bonne voie, mais gare au relâchement total

Les fidèles à la mosquée Zitouna à Tunis respectent la distanciation autant que faire se peut.

En Tunisie, l’épidémie du coronavirus est certes sous contrôle mais elle n’est pas encore terminée car nous restons tributaires de son évolution dans le reste du monde.

Par Dr Faouzi Addad *

«Anticiper pour mieux se préparer» doit être notre mot d’ordre pour les prochaines semaines voire les prochains mois en Tunisie. Surtout que beaucoup de nos concitoyens sont déjà passés à autre chose. Pour beaucoup d’entre eux, la Covid-19 est un lointain souvenir et la menace n’existe plus, voire la pandémie a, à la limite, été exagérée.

Pourtant, l’évolution de la situation aux États-Unis et au Brésil nous confirme que le virus circule encore fortement dans le monde sous forme d’épidémie mortelle et qu’il est loin encore d’être sous contrôle. Aussi, la réouverture des frontières, décidées pour le 27 juin 2020, pourrait-elle apporter de nouvelles conditions favorables à une reprise de l’épidémie.

De plus, certains biomathématiciens prédisent toujours une seconde vague dont toutes les conditions semblent déjà réunies, estiment-ils. Le moindre relâchement pourrait donc être propice, d’après eux, à cette reprise.

Gare aux conséquences du relâchement total !

Sur le terrain, nous sommes dans une situation de relâchement total qui bien évidemment pourrait être à l‘origine d’une seconde vague si le virus retrouve les conditions favorables pour reprendre du poil de la bête.

Ce sont des situations dites super-propagatrices favorables à une nouvelle flambée épidémique. Ils en existe au moins quatre : les situations «biologiques» liées à une charge virale élevée et qui va augmenter l’infectiosité; les situations «comportementales» liées à certaines professions qui peuvent être en contact avec des personnes contaminées (professionnels de la santé…); «les établissements à risque élevé» comme les hôpitaux, les prisons, les hôtels…; et les «scénarios opportunistes» que sont les lieux de rassemblements occasionnels de forte proximité comme les avions, les bateaux, les espaces de loisirs, comme les salles des fêtes, les terrains de sport ou les boîtes de nuits.

En identifiant ces situations et en prenant les mesures de nécessaires pour les prévenir, nous pouvons espérer que, malgré le relâchement constaté actuellement, les conditions pour une super-propagation peuvent être évitées. Mais cela ne devrait pas, non plus, nous donner de fausses assurances. Car le retour à une vie normale, avec la reprise des fêtes de mariage, des rassemblements dans les collèges et les lycées et les regroupements importants des personnes dans des endroits fermés non ventilés pourront être des situations à hauts risques, d’autant plus si le virus se remet à circuler.

Anticipons ensemble pour éviter les situations à risque

Tout donc doit être fait pour prévenir toutes ces situations super-propagatrices et tous les citoyens, chacun à son niveau, sont tenus d’éviter de les créer.

Continuons à garder nos distances et à nous laver régulièrement les mains et à porter un masque dans les situations à risques. Car la menace est toujours là même si elle ne semble plus immédiate pour l’instant.

L’épidémie, chez nous, est certes sous contrôle mais elle n’est pas encore terminée car nous restons tributaires de son évolution dans le reste du monde et nous ne pouvons garder plus longtemps nos frontières fermées.
Alors, anticipons ensemble pour éviter les situations à risque.

* Professeur en cardiologie.

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