Ça y est ! Le port de Radès, gangrené par la corruption et la gabegie, a enfin trouvé son homme, celui qui va enfin y mettre de l’ordre. Désormais, tout y sera réglé comme du papier à musique. C’est Anouar Maarouf, le ministre du Transport et de la Logistique, qui le promet. Son regard sur la photo en dit long sur sa détermination : vous allez voir ce que vous allez voir !
Par Imed Bahri
Depuis Hamadi Jebali, tous les chefs de gouvernement ont effectué au début de leur mandat des visites au port de Radès, poumon économique de la Tunisie dont tous les opérateurs se plaignent, et promis de prendre les mesures nécessaires pour y réorganiser le travail. Entendre : y réduire les pratiques frauduleuses, et le mot est faible.
Dans la gabegie, tout le monde fait son miel
On ne compte pas également les ministres (du Transport, des Finances, du Commerce) et les directeurs généraux qui ont essayé d’y bousculer les mauvaises habitudes biens ancrées mais ils s’y sont tous cassé les dents : le malade est incurable et les mêmes problèmes, identifiés mille et une fois, persistent, aggravés par les grèves à répétition des agents de manutention et des douaniers, dont un grand nombre profite de la gabegie pour faire son miel. Beaucoup y ont d’ailleurs construit de grosses fortunes, sans doute pas par la force de leur poignet.
Et voilà que M. Maarouf, nouveau ministre du Transport et de la Logistique, s’y met lui aussi. Avec beaucoup de bonne volonté, sans doute. Avec beaucoup d’ingénuité, peut-être aussi. Avec un zeste de cinéma, on peut toujours le soupçonner. Car où s’arrête la communication politique et où commence l’action ? Difficile à dire…
Au-delà de l’habituel effet d’annonce (avec caméras, micros, posts facebook, et tout le tralala), doit-on s’attendre à des mesures sérieuses et surtout efficaces et implémentables rapidement ? On peut toujours en douter. Mais, pour ne pas jouer les rabat-joie, souhaitons bonne chance à M. Maarouf. Et, surtout, prenons-le au mot !
Des visites, des annonces et après ?
Ainsi donc, au terme de plusieurs visites, ces derniers jours, au port de Radès, où les agents de la Société tunisienne d’aconage et de manutention (STAM) ont observé une énième grève, M. Maarouf a cru devoir pianoter sur son clavier pour écrire ce post sur sa page Facebook. Nous le traduisons… pour la postérité : «J’ai constaté de visu l’état d’abandon régnant dans la plupart des composantes du quai sud du port, et le non-respect des mesures sanitaires et de sécurité par la plupart des travailleurs. J’ai enregistré de nombreux dysfonctionnements lors du pesage et du chargement du blé et de ses dérivés à bord des camions, ainsi que l’amoncellement des marchandises saisies et qui n’ont plus aucune utilité. En vérité, le quai sud du port commercial de Radès nécessite une vision globale pour réaménager toutes ses composantes dans le cadre d’une approche holistique axée sur les accords entre les différents projets actuellement en cours de mise en œuvre. Ce qui est certain c’est qu’une réunion entre toutes les parties prenantes du quai va se tenir dans les prochains jours pour prendre les mesures d’urgence à même de rehausser la qualité des services dispensés par le port».
« Paroles, paroles, paroles…», chantait Dalida.
Bon, on reviendra au port de Radès dans quelques mois ou dans quelques années, et on jugera sur pièces… de l’état de délabrement qu’il aurait atteint… après toutes ces visites, tous ces posts facebook et toutes ces mesures mises en œuvre dans l’urgence…
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