En attendant la réalisation de l’«immunité collective» contre le coronavirus (Covid-19), nous assistons à un ras-le bol du citoyen face à ce mot répété à satiété par les médias. Après des semaines de confinement, ce dernier veut désormais reprendre sa vie d’avant, en acceptant de vivre avec ce nouvel intrus devenu moins virulent.
Par Pr Faouzi Addad *
Durant cette période marquée par la peur de la pandémie du Covid-19, l’un des mots qui a été le plus fréquemment utilisé par les médias c’est celui d’«immunité». Avant, on parlait plutôt d’«immunité parlementaire», ou encore d’«immunité diplomatique» et, dans certains pays, d’«immunité royale». Le grand public a redécouvert le mot immunité dans sa définition initiale celle de première ligne de défense biologique contre toutes substances menaçantes (microbes, cellules cancéreuses ou corps étrangers…).
La «guerre biologique»
Comme nous étions en «guerre biologique» contre un ennemi invisible et qui tuait ceux à l’immunité la plus faible (personnes âgés ou ceux avec des maladies cardiaques ou respiratoires chroniques), il fallait renforcer son immunité individuelle ou essayer d’obtenir cette fameuse «immunité collective» qui s’avère une utopie jamais démontrée.
On nous a donc demandé de nous confiner en attendant d’y voir plus clair sur les moyens de «s’immuniser contre ce virus». Nous avons eu le droit à une belle révision de nos cours de biologie moléculaire sur l’immunité innée, l’immunité acquise, l’immunité cellulaire et l’immunité humorale. Et sur les causes des déficits de notre immunité comme le déficit en zinc, en vitamine C, en vitamine D, et les Hollandais viennent, dans une étude très sérieuse, nous demander de manger du fromage (hollandais de préférence) pour éviter le déficit en vitamine K (source d’accident de la coagulation et qui affaiblirait l’immunité).
Nous avons eu le droit aussi à des développements sur l’«orage cytokinique» qui est l’une des causes des dégâts sur nos organes et qui n’est rien d’autre qu’une réponse exagérée de notre «immunité». Des immuno-modulateurs ont donc été proposés comme l’hydroxychloroquine qui a occasionné au passage quelques «orages» dans les plus prestigieuses revues médicales.
Reprendre sa vie d’avant
Plus récemment, «l’immunité croisée», cette fameuse immunité que nous aurions obtenue grâce à des «coronavirus gentils» permettant de lutter contre «les méchants», nous est apparue comme la planche de salut. Les enfants, grâce aux crèches et aux écoles, sont les premiers servis par cette immunité croisée et il semble que nous adultes y sommes moins recevables.
De toute manière, il est clair que «la seule immunité collective obtenue» c’est celle du ras-le bol du citoyen face au mot coronavirus et sa volonté de reprendre sa vie d’avant, en acceptant de vivre avec ce nouvel intrus qui semble lui même «immunisé» contre les humains en étant moins virulent.
* Professeur de cardiologie.
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