Erdogan exploite la détresse des Syriens dévastés par la guerre civile qui secoue leur pays depuis une décennie et les utilise comme chaire à canon en Libye en les payant 2000 dollars par mois. C’est ce qu’a révélé et expliqué un article du ‘‘Monde’’ dans son édition d’hier, mercredi 24 juin in 2020, écrit par Marie Jégo et Madjid Zerrouky intitulé «Les visées turques en Tripolitaine».
À l’heure des guerres hybrides, les États évitent d’engager directement leurs armées régulières car ceci requiert l’aval des Nations unies et cela est très coûteux, alors ils engagent des mercenaires payées afin d’exécuter les basses besognes. La Turquie d’Erdoğan excelle dans cette sale méthode. L’argent payé, on l’a compris, est un investissement et le retour sur investissement, ce sera l’exploitation programmée des ressources pétrolières et gazières libyennes. Mais pas seulement…
Extraits…
(…) Si la présence des Syriens permet à la Turquie d’intervenir au sol à peu de frais, cette dernière se montre néanmoins généreuse. Les contrats proposés pour un engagement de trois mois en Libye se font sur une base moyenne de 2000 dollars (1800 euros) mensuels. C’est bien plus que les 450 à 750 livres turques (58 à 100 euros) versées par Ankara à un milicien déployé à Afrin (ville du nord-ouest syrien, NDLR), et c’est une manne astronomique pour des familles de naufragés de la guerre, l’équivalent de plus de deux ans de salaire moyen actuel en Syrie.
«Les combattants de l’Armée nationale choisissent volontairement de se rendre en Libye (…) Les civils qui souhaitent y être envoyés doivent d’abord rejoindre l’un des groupes armés dans les zones ‘‘Bouclier de l’Euphrate’’ et de ‘‘Source de paix’’, puis candidater comme les autres combattants», note l’ONG Syrians for Truth and Justice (STJ), qui a enquêté sur le terrain. Recrutés en Syrie, ces auxiliaires syriens sont acheminés en Libye, via la Turquie, à bord d’airbus civils des compagnies Libyan Airlines, Libyan Wings et Afriqiyah Airways.
Un humanitaire du nord du pays résume le cynisme d’Ankara : «La valeur de la vie d’un Syrien est comme la livre syrienne, elle est en pleine dévaluation. On envoie des gens se faire tuer, parfois contre l’espoir de nourrir leur famille, et on promet la nationalité turque aux proches des martyrs…»
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