Des ONG tunisiennes, surprises par la coopération du ministère des Affaires religieuses avec une association acquise au Mouvement Ennahdha pour la formation des imams et des professeurs d’éducation religieuse, appellent le président de la république à agir pour garantir le respect de la constitution.
Les ONG soussignées considèrent que la poursuite par le Centre d’études sur l’islam et la démocratie (CSID), acquis au mouvement Ennahdha, de l’organisation de campagnes et de sessions de formation pour les imams, les professeurs d’éducation religieuse et de pensée islamique et les prédicateurs constitue une violation flagrante de la constitution tunisienne et du caractère civil de l’Etat.
L’article 2 de la constitution stipule que «la Tunisie est un État civil, fondé sur la citoyenneté, la volonté du peuple et la primauté du droit». L’article 6 réaffirme, quant à lui, que l’Etat «assure la neutralité des mosquées et des lieux de culte par rapport aux partis», qu’il s’oppose à leur instrumentalisation par ces derniers et qu’il s’engage «à diffuser les valeurs de modération et de tolérance». L’article 16 stipule, de même, que «l’État garantit la neutralité des institutions éducatives par rapport aux partis» et rejette leur exploitation partisane.
Les ONG font part de leur profonde consternation au sujet des informations contenues dans un communiqué publié, en date du 26 juin 2020, par le Centre d’études sur l’islam et la démocratie sur son site électronique et précisant qu’il se prépare à organiser, dans les prochains jours, «des sessions de formation pour 800 acteurs religieux appartenant à 10 gouvernorats différents en collaboration avec le ministère des affaires religieuses».
Les ONG appellent, de même, le président de la république, qui a la charge, conformément à l’article 72, de veiller au respect de la constitution, à agir pour mettre fin à cette grave violation qui menace le caractère civil de l’Etat.
Les ONG sont d’autant plus préoccupées que le Centre d’études sur l’islam et la démocratie, partisan du mouvement Ennahdha et qui a salué les positions politiques de ce dernier surtout aux Etats-Unis, a déclaré, dans le communiqué susmentionné, avoir pu organiser des sessions de formation au cours des années 2017 et 2018 au profit de 400 imams et acteurs religieux dans 5 différents gouvernorats : Tunis, Bizerte, Kairouan, Kasserine et Médenine, en exécution d’un projet baptisé «Main dans la main».
Le communiqué ajoute que les sessions de formation prévues pour les prochains jours constituent la seconde partie du projet «Main dans la main» initié en 2017 et qu’elles se poursuivront pendant une année et demie. Les gouvernorats cibles sont ceux du Grand-Tunis, Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax, Gafsa, Sidi Bouzid, Gabès, Médenine et Tataouine.
Les ONG signataires:
•Association de promotion du droit à la différence
•Association des femmes tunisiennes pour la recherche sur le développement
•Association des Tunisiens en France
•Association tunisienne de défense des libertés individuelles
•Association tunisienne de défense des valeurs universitaires
•Association tunisienne pour la santé reproductive
•Association Vigilance pour la démocratie et l’Etat civique
•Centre de soutien à la transition démocratique et aux droits de l’homme (DAAM)
•Centre de Tunis pour la liberté de la presse
•Coalition tunisienne pour l’abolition de la peine de mort
•Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie
•Comité Vigilance pour la démocratie en Tunisie
•Free Sight Association
•Groupe Tawhida Ben Cheikh, Recherche et action pour la santé des femmes
•Initiative We Exist pour l’égalité
•La Fondation Hassen Saadaoui pour la démocratie et l’égalité
•Ligue des écrivains tunisiens libres
•Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme
•Observatoire national pour la défense du caractère civil de l’Etat
•Organisation 10_23 de Soutien au Processus de la Transition Démocratique
•Organisation contre la torture en Tunisie
•Syndicat national des journalistes tunisiens
Donnez votre avis