«Dans son entretien avec Nawaat, Elyes Fakhfakh me rappelle les discours de Ben Ali à l’occasion de la célébration du 7-Novembre (date de son accession au pouvoir en 1987, Ndlr), alors que certains idéalistes ont cru trop vite à sa possible démission».
Par Imed Bahri
C’est en ces termes que Yadh Elloumi, député Qalb Tounes, le parti de Nabil Karoui, et président de la commission parlementaire des finances, a commenté, dans un post Facebook, sur un ton ironique, l’entretien accordé au blog Nawaat, hier, jeudi 2 juillet 2020, par le chef du gouvernement Elyès Fakhfakh.
Le rapport des forces est encore en faveur de M. Fakhfakh
Dans cet entretien, où le journaliste Thameur Mekki s’est montré sinon complaisant du moins pas assez agressif, le chef du gouvernement n’a reconnu aucune erreur de sa part, en relation avec l’affaire de conflit d’intérêts dont il est accusé, et a même parlé comme un chef de gouvernement désigné pour durer au moins jusqu’à la fin 2024. C’est du moins ce qu’il a dit lui-même, en prenant soin d’énumérer «les réalisations et les succès» de son gouvernement «en seulement trois mois».
Raillant les idéalistes ayant cru que M. Fakhfakh allait se résigner à démissionner en attendant les résultats des trois enquêtes menées dans cette affaire (administrative, parlementaire et judiciaire), M. Elloumi, qui avait lui-même, il y a quelques jours, appelé le chef du gouvernement à démissionner, avant de se raviser, a cru devoir rappeler que «M. Fakhfakh bénéficie pour le moment d’un fort soutien de la part du président de la république, de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), des partis Attayar, Echaab et Tahya Tounes, qui ont leur poids».
Fakhfakh tient lui-même ses adversaires par des dossiers de corruption
M. Elloumi a poursuivi en affirmant que «les députés Attayar tentent de freiner le travail de la commission d’enquête parlementaire en évoquant des questions formelles».
«Il n’y a pas de cadeaux en politique et le rapport des forces est encore en faveur de l’homme», a-t-il ajouté, en rappelant que l’enquête judiciaire prendra beaucoup de temps, «sans parler du fait que le chef du gouvernement détient lui-même des dossiers de corruption contre ses adversaires qu’il menacera d’activer pour occuper les médias et une partie de l’opinion», a encore dit M. Elloumi, dans une allusion au chef de son propre parti, le magnat de télévision et de publicité Nabil Karoui, aux prises avec des poursuites judiciaires pour évasion fiscale, corruption financière et blanchiment d’argent. M. Elloumi prévoit même ce qu’il a appelé «le harcèlement de «Qalb Tounes par la machine d’Attayar». Ambiance…
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