Les ministres nahdhaouis au sein du gouvernement d’Elyes Falhfakh ne démissionneront pas. C’est ce qu’a affirmé ce matin, 15 juillet 2020, Abdelkarim Harouni, dirigeant au sein d’Ennahdha, assurant que son parti ne compte pas quitter le gouvernement actuel, bien qu’il ait décidé, hier, d’entamer les procédures nécessaires pour le retrait de confiance au chef du gouvernement.
Le président du conseil de la Choura a estimé, sur le plateau d’«El matinale» de Shems FM, que la situation actuelle d’Elyes Fakhfakh, soupçonné de conflit d’intérêts, ne lui permettait plus de diriger le gouvernement. C’est donc pour l’intérêt général du pays qu’Ennahdha a opté pour la motion de censure, a-t-il assuré.
Pourtant, l’évolution des événements depuis l’apparition de ces soupçons mettent totalement en doute la crédibilité de M. Harouni. Ennahdha avait, en effet, dans un premier temps, annoncé son soutien du chef du gouvernement tout en continuant à exiger de lui l’élargissement de la coalition gouvernementale, pour y intégrer Qalb Tounes, ce que M. Fakhfakh a toujours refusé. Le parti islamiste n’a changé de position qu’après avoir compris que, contrairement à ce que pensaient ses dirigeants, Fakhfakh ne cédera à la pression malgré sa fragilité politique. Par conséquent, seul l’intérêt du parti semble avoir motivé ce revirement, d’autant que M. Fakhfakh avait annoncé la veille qu’il va effectuer un remaniement ministériel, laissant entendre que les ministres nahdhaouis seraient bientôt dégagés.
Ennahdha veut, par ailleurs, le beurre et l’argent du beurre, en maintenant ses ministres dans le gouvernement Fakhfakh, jusqu’au retrait de confiance de celui-ci, probablement pour ne pas les mettre devant le choix difficile de choisir entre le gouvernement et leur parti, préférant laisser au chef du gouvernement cette mission peu confortable.
Et encore une fois, c’est pathétiquement l’argument passe-partout «intérêt du pays» qui est avancé par l’ancien ministre du Transport pour expliquer ce choix.
En d’autres termes, Ennahdha, ayant perdu la main et se sentant menacé de se retrouver sur la touche, s’agite et bombe le torse, croyant pouvoir encore impressionner ses interlocuteurs, lesquels, rappelons-le, ont décidé de lancer une motion pour retirer la confiance à leur président, Rached Ghannouchi, et le remplacer à la tête de l’Assemblée.
C. B. Y.
Donnez votre avis