Ce début de semaine, et particulièrement la date du 15 juillet 2020, aura marqué l’histoire de la Tunisie, et pour cause ! La succession d’un ensemble de décisions politiques qui auront, sans doute, un impact très lourd sur l’avenir de la gouvernance dans le pays. Par ailleurs, l’ordre chronologique de ces décisions a, constitutionnellement, de l’importance, et c’est un point qui commence déjà à faire couler beaucoup d’encre.
Par Cherif Ben Younès
Pour les dirigeants d’Al-Karama et de Qalb Tounes, deux protagonistes du clan Ennahdha, le fait que la motion de censure à l’encontre du chef du gouvernement sortant, Elyes Fakhfakh, ait été déposée au bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), conformément à l’article 97 de la constitution, avant sa démission, suspend les dispositions de l’article 98 organisant cette démission.
En fait, vérification faite, la démission avait été déposée dès la matinée, donc avant la déposition de la motion de censure, mais elle a été annoncée officiellement par la présidence en début d’après-midi.
Qalb Tounes et Al-Karama en service commandé par Ennahdha
Les députés Al-Karama et Qalb Tounes, en service commandé par Ennahdha, réclament que le nouveau chef du gouvernement soit choisi par le parti ayant récolté le plus de votes lors des élections législatives, à savoir leur partenaire officieux, Ennahdha, si le parlement venait à décider majoritairement de retirer la confiance à Elyes Fakhfakh, plutôt que de permettre au président de la république, Kaïs Saïed, vraisemblablement faisant partie de l’autre clan, celui d’Attayar, Echaâb et Tahya Tounes, de désigner ce nouveau Premier ministre.
Seifeddine Makhlouf, chef du bloc parlementaire Al-Karama, a considéré hier, dans une déclaration médiatique, que c’est la motion de censure qui doit prévaloir car elle a chronologiquement précédé la démission et que toute autre alternative serait «une escroquerie envers la constitution et le peuple». Ce qui n’est pas la stricte vérité.
Un avis que partage Oussama Khelifi, chef du bloc Qalb Tounes, qui a écrit sur sa page Facebook : «S’il s’avère que le chef du gouvernement a démissionné après le dépôt de la motion de censure, il s’agira d’une tentative de détournement de la constitution». S’il s’avère… Ce qui n’est pas le cas.
Ce n’est pas une simple question de chronologie
Qalb Tounes et Al-Karama semblent même accorder plus d’importance au présumé droit d’Ennahdha de choisir le prochain chef du gouvernement qu’Ennahdha lui-même. Les dirigeants de celui-ci ayant plutôt concentré leurs critiques sur le limogeage de leurs ministres par le chef du gouvernement, qui se chargera désormais d’expédier les affaires courantes jusqu’à la formation du prochain gouvernement.
Par ailleurs, selon le député Yassine Ayari, les plaintes de Qalb Tounes et d’Al-Karama n’ont pas lieu d’être, car «le retrait de confiance est invalide sur la forme, ne contenant pas le nom de celui qui remplacera le chef du gouvernement actuel», comme l’exige la loi, a-t-il, de son côté, commenté sur sa page Facebook.
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