La députée Mounira Ayari (bloc démocratique) a annoncé aujourd’hui, lundi 3 août 2020, avoir déposé un signalement de crime, au tribunal de 1ère instance de Tunis, en demandant l’ouverture d’une information judiciaire sur les récentes déclarations du chef du bloc d’Ennahdha, Noureddine Bhiri.
Avocate de son état, Mounira Ayari a expliqué avoir saisit la justice, avec le soutien des élus du (bloc démocratique), suite aux déclarations de Noureddine Bhiri, qui avait indiqué que des «élus avaient perçu de l’argent des Emirats arabes unis dans le cadre d’un plan visant à détruire le système politique et le processus démocratique en Tunisie».
«Ces accusations sont très graves et relèvent de la trahison et si l’enquête révèle que les accusations de Noureddine Bhiri sont mensongères, nous appelons à ce qu’il soit poursuivi par la justice», a-t-elle encore précisé, dans un post publié sur sa page Facebook.
Cette affaire pose plusieurs questions et interpelle la justice tunisienne, ô combien décriée, qui a là une occasion de prouver qu’elle n’est pas manipulée par M. Bhiri comme le colporte une insistante rumeur publique. Car, sauf à considérer qu’il est un naïf ou un ignorant, le député islamiste, avocat de son état, mesure la portée de ses déclarations et leur gravité au regard de la loi. S’il les a faites, c’est qu’il se considère au-dessus de la loi ou qu’il bénéficie d’une double immunité, parlementaire et judiciaire. Ce que colporte aussi la rumeur publique qui va jusqu’à parler d’une «justice à la solde de Bhiri». Y a-t-il un juge en Tunisie capable de démentir une fois pour toute cette rumeur ?
Rappelons que Noureddine Bhiri était ministre de la Justice au lendemain de la révolution de 2011. On dit que, pendant son mandat, il a passé un gentleman agreement avec certains magistrats ayant servi la dictature de Ben Ali et en vertu de ce deal, ces derniers s’aligneraient sur le parti Ennahdha contre l’enterrement des dossiers de corruption les concernant.
C’est peut-être une simple rumeur, mais on aimerait bien la voir démentie une fois pour toute, car le comportement de certains magistrats a tendance à la conforter.
On aimerait aussi entendre l’avis du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à propos de cette question. Et on se demande sérieusement aujourd’hui à quoi servirait aujourd’hui ce machin ou ce gadget qui coûte beaucoup d’argent au contribuable sans que l’on sache à quoi il sert vraiment…
Y. N.
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