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Yosra Frawes : La fête nationale de la Femme est devenue embarrassante

La fête nationale de la femme, qui a lieu ce jeudi 13 août 2020, consiste, à la base, à fêter la promulgation du Code du statut personnel (CSP), le même jour en 1956. Une aberration selon Yosra Frawes, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD)...

L’avocate, présente ce matin sur le plateau de Shems FM, pense, en effet, que les lois ne sont pas faites pour être fêtées ni sacralisées de la sorte, d’autant plus que les réformes apportées par le Code du statut personnel ne sont plus d’actualité. Pire encore, elle a expliqué que ce Code contient des articles clairement sexistes et violant des droits humains…

«Les gens fêtent encore l’interdiction de la polygamie par le Code du statut personnel, il y a 64 ans. Seulement, depuis, les autres sociétés sont allées de l’avant», a lancé Mme Frawes, évoquant notamment le droit des homosexuels au mariage et la légalité des relations sexuelles hors mariage dans d’autres pays, et regrettant, à titre d’exemple, le fait qu’en Tunisie, les mères célibataires ne jouissent, jusqu’à aujourd’hui, d’aucun droit.

«Le Code du statut personnel a mis la société sur la voie de l’égalité, mais n’a fait que deux pas dans ce sens, avant de s’arrêter», a-t-elle regretté, estimant que cette série de lois adoptées l’année de l’indépendance sont dépassées par le temps, et que les fêter est devenu embarrassant.

Dans le même contexte, Frawes a pointé du doigt un article du CSP (le 13e) qui est particulièrement scandaleux : «Le mari ne peut, s’il n’a pas acquitté la dot, contraindre la femme à la consommation du mariage. Après la consommation du mariage, la femme, créancière de sa dot, ne peut qu’en réclamer le paiement. Le défaut de paiement par le mari ne constitue pas un cas de divorce.»

La militante pour les droits des femmes a expliqué que cet article – issu de la loi islamique – légitime le viol conjugal à l’encontre de la femme car, à contrario, il signifie que le mari peut contraindre son épouse à la consommation du mariage (c’est-à-dire au rapport sexuel) lorsqu’il s’acquitte de la dot.

Or, non seulement ceci constitue une violation des droits de l’homme mais contredit, en plus, d’autres lois tunisiennes promulguées récemment, interdisant tout type de viol.

Cherif Ben Younès

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