Même si le mouvement Ennahdha s’oppose à un gouvernement de compétences indépendantes des partis, tel qu’annoncé par Hichem Mechichi, chef du gouvernement désigné, le mouvement islamiste devrait lui accorder sa confiance… mais à certaines conditions, laisse entendre Samir Dilou.
Le député d’Ennahdha a indiqué ce matin, mardi 26 août 2020, sur les ondes de Shems FM, qu’au sein de son parti, les avis des dirigeants divergent concernant le vote de confiance au gouvernement Mechichi. «Certains sont contre; et d’autres sont pour, non pas par conviction mais au vu de la situation exceptionnelle que traverse le pays», a-t-il lancé, ajoutant que le gouvernement Mechichi est celui «du fait accompli». Traduire : un gouvernement imposé par le président Kaïs Saïed.
Dilou regrette, par-dessus tout, la démarche adoptée par le chef du gouvernement désigné pour mener les concertations officielles autour de la formation de son gouvernement, estimant, d’une part, qu’il n’y a pas eu de vraies consultations, et déplorant, d’autre part, le fait que les noms choisis par M. Mechichi n’ont pas été révélés aux partis avant la fin du délai constitutionnel.
Le dévoilement de ces noms aurait permis à son parti de demander le retrait de certains noms, car dans la liste fuitée, il y en a quatre qui ne sont pas au goût d’Ennahdha, «posant un vrai problème», a affirmé l’avocat en invitant le chef du gouvernement désigné à les réviser, sans donner plus de précision sur la nature de ce problème.
Notons, dans ce contexte, que le député nahdhaoui, Sayed Ferjani, avait entre autres critiqué hier, via un post facebook, la nomination de Taoufik Charfeddine (sans le nommer) en tant que ministre de l’Intérieur, car il était coordinateur de la campagne présidentielle du chef de l’Etat, Kaïs Saïed.
Dilou a, par ailleurs, assuré qu’Ennahdha ne compte pas voter la confiance au gouvernement avec l’intention de la lui retirer par la suite, car cela serait «contraire à l’éthique».
Le mouvement islamiste préfère sans doute, dans un premier temps, tester la soumission de Mechichi à ses desiderata, avant de décider de lui retirer la confiance s’il se montre désobéissant, un peu comme ce qui s’est passé avec son prédécesseur, Elyes Fakhfakh. Agir ainsi serait, en revanche, éthiquement irréprochable.
C. B. Y.
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