Selon un sondage d’opinion réalisé par le cabinet Emrhod Consulting les 4 et 5 septembre 2020, le Parti destourien libre (PDL) reste en tête des intentions de vote pour les législatives, si celles-ci devaient se tenir aujourd’hui, avec 36%, contre seulement 28 % en juillet dernier (+8%).
Par Imed Bahri
Le parti présidé par la tonitruante avocate Abir Moussi, également présidente de son bloc parlementaire et sa dirigeante la plus visible et la plus audible, dépasse de 13 points le parti islamiste Ennahdha, en net recul depuis le début de l’année mais resté stable autour de 23%, soit la masse habituelle de son électorat.
Le parti Qalb Tounes, fondé et présidé par Nabil Karoui, le magnat de la télévision de la publicité poursuivu dans plusieurs affaires de corruption et de blanchiment d’argent, a perdu un point, passant de 9 à8 % d’intentions de vote entre juillet et septembre, mais il reste en 3e position, suivi par le Courant démocratique (Attayar), en recul de 3 points en deux mois, passant de 8 à 5%, Tahya Tounes reculant de 4 à 3% et Mouvement Echaâb resté stable autour de 2%.
Effritement de la popularité d’Ennahdha
Les résultats de ce nouveau sondage confirment une tendance lourde qui commence à se confirmer et qui se caractérise par la montée du PDL, principal parti d’opposition à Ennahdha, et l’effritement de la popularité de ce dernier, qui ne peut continuer à nier sa responsabilité dans la grave crise que traverse le pays depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir en 2011.
Ces résultats confirment aussi que les autres partis opposés à Ennahdha restent très faibles et ne sauraient avoir de poids s’ils continuent (comme Attayar et Echaab et à un degré moindre Tahya Tounes) à rejeter le leadership de fait du PDL et de son incontournable présidente.
Continuer dans cette posture, mi-figue mi-raisin, irrationnelle et injustifiable au regard de l’opinion publique, c’est faire le jeu des islamistes et leur déblayer la voie pour une énième victoire en 2024.
Les petits calculs étriqués des leaders à la petite semaine
On n’en est certes pas encore là et beaucoup d’eau coulera sous les ponts avant les prochaines législatives, mais la montée irrésistible du PDL semble être une tendance avec laquelle il a falloir composer, loin des calculs étriqués de leadership à la petite semaine. N’est pas leader qui veut…
Ces mêmes calculs qui ont permis à Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha, à sauver sa place à la tête de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), lorsqu’une motion de défiance a été émise à son encontre. Attayar et Echaâb avaient alors fait la fine bouche, refusant d’associer les députés PDL à leur motion, et provoqué ainsi une scission parmi le front anti-islamiste.
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