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À propos de l’affaire de l’ambassadeur Kais Kabtani

Même si l’ambassadeur Kaïs Kabtani, démissionnaire de son poste à la tête de la représentation de la Tunisie aux Nations Unies, n’aurait pas dû parler de M. le président de la république Kaïs Saïed par respect de son obligation de réserve, il reste une victime de l’arbitraire et de la décision injuste de son transfert intempestif.

Par Sémia Zouari *

Maintenant on sort l’artillerie lourde pour l’accuser d’être «arrogant» à l’égard des membres de son équipe? D’être coupable de malversations administratives et financières? On lui prépare un procès? Une affaire montée de toute pièce? Qui pourrait le croire?

C’est honteux de retrouver les mêmes accusations portées en 2012 du temps de Rafik Abdessalem pour justifier le rappel des femmes ambassadeurs et d’ambassadeurs vétérans du ministère. On a vu comment ils avaient été remplacés par certaines personnes à la moralité douteuse et qui souvent n’avaient même pas le Bac, intégrées au corps diplomatique après des parcours chaotiques via le cycle moyen de l’ENA et des contorsions du droit administratif !

Pour l’instauration d’un véritable corps d’inspection intègre et professionnel

On retrouve les mêmes procédés indignes: ces incitations à la délation du chef de poste pour créer des dossiers d’accusation, la fabrication de fausses pétitions de la colonie vilipendant l’ambassadeur et réclamant son limogeage…

C’est scandaleux de lire de telles accusations de malversations à l’encontre d’un collègue réputé pour son intégrité, issu d’une famille de serviteurs de l’Etat et qui reste en tout état de cause une victime. Toute cette persécution, sous le regard consterné de ses collègues aux Nations Unies, qui doivent rédiger des rapports circonstanciés sur les déboires des diplomates tunisiens et de notre diplomatie.

Qu’attend le ministre des Affaires étrangères, Othman Jerandi, pour changer ces responsables administratifs multirécidivistes dans la persécution des diplomates de carrière et si prompts à renouveler les pires méthodes de la dictature ?

Ne serait-il pas temps de mettre de l’ordre dans la maison des affaires étrangères ? D’instaurer un véritable corps d’inspection intègre et professionnel capable de sortir de cette détestable matrice des inspections à charge. Pour débusquer les véritables corrompus, les chefs de poste indolents, amateurs de dolce vita et de chichas, qui ont compris que le «système» pénalise les travailleurs et ceux qui luttent contre la corruption, qu’il vaut mieux se faire oublier que se décarcasser à travailler comme des forçats malgré les faibles moyens et le «tambir» (racontars) des collègues de la Centrale, fatigués de recevoir tant de courrier des incorrigibles bosseurs et attendant avec impatience de voir se libérer les postes ?

Les honnêtes gens persécutés par les corrompus multirécidivistes

Comme le disait Nietzsche: «Veux-tu avoir la vie facile ? Reste toujours près du troupeau, et oublie-toi en lui.»

Jusqu’à quand allons nous assister, impuissants et lâches, à la persécution des honnêtes gens par ceux qui se sont habitués à le faire en toute impunité et à détourner toutes les procédures en leur faveur?

Que fait le syndicat? Lui a-t-on promis de récompenser encore une fois sa complaisance devant les pires procédés, les menaces ?

Il est urgent de régler avec sagesse et modération cette affaire qui dépasse tout entendement. Elle porte atteinte au prestige de l’Etat tunisien.

On trouve toujours des solutions lorsque l’on est animé de justice et de pondération. M. Jerandi en trouvera.

* Diplomate.

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