En recevant le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, hier, mercredi 23 septembre 2020, au Palais de Carthage, le président de la république Kaïs Saïed, lui a fait comprendre, et toujours de manière allusive, qu’il n’apprécie pas, c’est un euphémisme, certaines des dernières nominations annoncées. Hichem Jouaber propose son analyse de ce duel à fleuret moucheté…
Les nominations en question, et là le président était plus explicite, concernent certains experts économistes et financiers ayant des démêlées avec la justice dans des affaires de corruption. Il s’agit, surtout, on l’a compris, des deux anciens collaborateurs de Ben Ali, Mongi Safra et Taoufik Baccar, mais pas seulement. Il s’agirait aussi d’autres personnes dont les noms ont été proposés à M. Mechichi par notamment les partis Ennahdha et Qalb Tounes et qui seraient elles aussi poursuivies par la justice.
Révolutionnaire de la 25e heure, comme beaucoup de ses électeurs, qui n’a pas brillé par son opposition au régime de Ben Ali lorsque ce dernier était à la même place au Palais de Carthage et qui, aujourd’hui, nous la joue champion de la révolution, M. Saïed a cru ainsi devoir rappeler au chef de gouvernement la ligne soi-disant «révolutionnaire» devant être la sienne, ayant été choisi et élevé à ce haut rang par le locataire du Palais de Carthage.
Commentant cette séquence, qui traduit les divergences traversant actuellement le pouvoir exécutif, et opposant également la présidence de la république à celles de l’assemblée et du gouvernement, Hichem Jouaber, Managing Director chez Alix Partners (Paris, France) a posté une analyse sur sa page Facebook qui mérite d’être lue et méditée.
«Avec cette séquence humiliante, il ne reste au chef de gouvernement que trois options :
1- obéir au président, annuler les nominations et passer à autre chose mais il sera si affaibli qu’il ne fera pas long feu tellement décrédibilisé il sera;
2- insister sur les nominations et tenir bon et donc apparaître aux yeux des Tunisiens comme celui qui obéit aux diktats des mafieux et des caciques de l’ancien régime qui ont des démêlés avec la justice ; et là le président pourrait ne pas signer les décrets de nomination et leur publication dans le Jort ce qui va l’humilier encore davantage;
3- démissionner et jeter l’éponge en sortant par la porte de derrière en catimini…
Dans les trois cas de figure, la carrière politique de Hichem Mechichi est très mal engagée et Kais Saïed fait un grand coup politique, un coup de maître même, pour se débarrasser de celui dont il ne voulait plus et d’une façon magistrale de surcroît.»
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