La tension monte clairement dans la relation entre les deux pôles du pouvoir exécutif en Tunisie, le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et le président de la république, Kaïs Saïed.
Ce mercredi, 30 septembre 2020, Mechichi a demandé à ses ministres de le consulter, dorénavant, au préalable, avant de répondre affirmativement aux invitations du chef de l’Etat, et de le tenir également au courant, par la suite, de tous les points qui auront été évoqués avec lui.
Il leur a également rappelé que les correspondances à l’écrit avec la présidence de la république doivent passer exclusivement par la présidence du gouvernement.
Cela permettrait, selon le motif avancé, non sans diplomatie, par Mechichi, de «concorder les décisions et les procédures avec la politique générale de l’Etat, dans le cadre de l’harmonie entre les institutions constitutionnelles».
En réalité, cela témoigne de l’absence de confiance qui caractérise la relation entre Saïed et Mechichi, surtout après leur dernière rencontre, mercredi dernier, au palais présidentiel de Carthage, où le président de la république avait réprimandé le chef du gouvernement devant la caméra pour avoir nommé des conseillers ayant coopéré avec Ben Ali. Un épisode que Mechichi a forcément très peu apprécié.
Après cet épisode, le président de la république a continué s’immiscer dans le travail du gouvernement en invitant des ministres pour leur donner des consignes, alors que cela ne fait pas partie de ses prérogatives. D’où la réaction de Mechichi.
Bref, au bout du compte, la naïveté politique et les bourdes communicationnelles de Kaïs Saïed vont finir par totalement l’isoler. Sa popularité dans les sondages ne saurait justifier ses écarts et ses transgressions constantes de ses prérogatives telles qu’explicitées par la constitution.
C. B. Y.
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