Les conflits au sein du groupe parlementaire Bloc national, qui ont conduit à la démission de plusieurs députés, dont l’ex-chef de bloc, Hatem Mliki, a-t-il pour origine le projet de loi proposé par Al-Karama (et appuyé par ses partenaires Ennahdha et Qalb Tounes) concernant l’amendement du décret 116 qui organise le secteur audiovisuel ?
Par Cherif Ben Younès
Il se murmure dans les coulisses du Parlement que Ridha Charfeddine, qui a été élu samedi dernier, 10 octobre 2020, à la tête du bloc, est soutenu par la troïka parlementaire (Ennahdha, Qalb Tounes, Al-Karama) afin de consolider ses chances de faire passer ce projet de loi.
Hier, le député d’Attayar, Nabil Hajji, qui a quitté, en signe de protestation, la réunion du Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a déclaré que celle-ci a été scandaleusement interrompue pour valider Charfeddine à la tête du Bloc national et l’intégrer au Bureau de l’Assemblée afin de gagner une voix en faveur du projet de loi controversé.
Mais il y a une autre version…
Présent cet après-midi sur le plateau de «Midi show» sur Mosaïque FM, le député Ayachi Zammel, qui a récemment rejoint le Bloc national et qui fait partie du clan Charfeddine, a catégoriquement nié ces accusations.
Zammel a affirmé qu’il est contre le projet de loi proposé par Al-Karama, qu’il est conscient du danger qu’il présente pour la scène médiatique tunisienne et que, dans cette affaire, il soutient la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica).
Il a également assuré que ses deux collègues Mabrouk Korchid et Kamel Ayadi qui, comme lui, sont passés de Tahya Tounes au Bloc national (clan Charfeddine) ne peuvent en aucun cas servir les intérêts d’Ennahdha ou de de l’islam politique.
Ils ont d’ailleurs, tous les trois, voté pour la motion de retrait de confiance au président de l’Assemblée, Rached Ghannouchi (leader d’Ennahdha), «contrairement à Hatem Mliki, qui s’est absenté le jour du vote tout en fermant son téléphone», a-t-il ajouté.
Il est donc difficile de répondre avec certitude à la question du titre de cet article, d’autant plus que le Bloc national avait exprimé, en juillet dernier, lorsqu’il était encore présidé par Hatem Mliki, son soutien à la Haica dans cette affaire, considérant l’initiative d’Al-Karama comme «une menace pour la liberté des médias».
L’amendement proposé par Al-Karama consiste, pour rappel, à annuler l’autorisation que donne la Haica pour la création d’un nouveau média audiovisuel, ce qui permettrait à tout individu d’ouvrir une station radio ou une chaîne de télévision sans aucun contrôle ni réglementation.
La loi, si elle passe, elle permettrait surtout aux deux chaînes diffusant dans l’illégalité depuis des années, Nessma et Zitouna TV (dont les propriétaires sont respectivement de Qalb Tounes et d’Ennahdha) de devenir… tout à fait légales.
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