Les cours particuliers que beaucoup de parents imposent à leurs enfants sont rarement utiles et leurs inconvénients sont nombreux. C’est aux parents de déterminer ce qui convient le mieux à leurs enfants. Ils doivent cependant retenir en priorité l’option de soutien en salle de classe, qui est très certainement la plus bénéfique. Hors école, l’enfant doit profiter d’activités de son âge mais aussi de son environnement familial.
Par Ridha Jaber *
Les premiers consommateurs de cours particuliers sont les élèves dont les parents pensent qu’ils ont une performance limitée en classe. Pour d’autres parents, les cours particuliers sont un moyen de rehausser le niveau de leur progéniture.
Animés d’une intention d’enjeu positif sur la scolarité des enfants, les parents négligent la dimension négative de cet acte. Le plus souvent, c’est la dimension psychologique sur l’enfant qui semble être oubliée par les parents, car ces derniers sont focalisés uniquement sur les résultats.
Impulsés par l’initiative parentale, les cours particuliers sont imposés aux enfants sous forme d’obligation. Ce fait affecte la représentation de l’enfant de ce qu’est réellement le cours particulier. C’est aussi l’incompréhension de l’enfant du concept d’aide dans les cours particuliers.
Pour que les cours particuliers soient positifs à l’épanouissement de l’enfant, il faut que l’élève accepte de se faire aider tout en prenant conscience de sa situation. Cette autoévaluation est importante pour qu’il soit ainsi perméable à l’enseignement. Ce qui peut se révéler difficile, voire contraire à la volonté de l’enfant.
Nous sommes ainsi confrontés à un des revers des cours particuliers. En effet; dans le cas, où l’élève n’arrive pas à gérer cette situation, il y a une forte chance qu’il ne s’implique plus dans les cours fournis en classe. Ce comportement va totalement à l’encontre du but recherché du cours particulier.
Psychologiquement, l’élève peut développer un comportement de complexe d’infériorité par rapport à ses camarades de classe. Voilà un comportement tout à fait néfaste à l’épanouissement de l’enfant. S’en suit l’anxiété que ressent l’élève face à l’attente des résultats scolaires. Ce phénomène décourage l’enfant avec une forte probabilité d’échec.
L’autonomie : un gros problème à long terme
Plus grave encore, l’enfant qui deviendra adulte va toujours vouloir du soutien et de l’encadrement pour progresser dans ses études voire même dans la vie en société. Les cours particuliers affectent donc la capacité de l’enfant à être autonome.
Les cours particuliers spécifiquement destinés aux élèves visent d’un côté à les soutenir dans leur cursus scolaire, et de l’autre, comme tout commerce, à gagner de l’argent. Ils sont devenus de nos jours une priorité majeure pour un nombre considérable d’enseignants.
C’est une activité largement lucrative. Les parents sont proprement saignés financièrement puisque nécessitant un budget mensuel voire annuel important de façon volontaire et parfois sans aboutissement aux résultats désirés, faisant état d’inefficacité de ce phénomène lucratif.
Les inconvénients de cette pratique sont nombreux. On en citera les plus importantes à nos yeux :
-surcharge inutile de l’emploi du temps et déséquilibre entre travail et repos ;
-négligence des élèves qui ne se concentrent plus en classe pensant pouvoir récupérer lors des cours particuliers;
-perturbation et désarroi de l’élève devant des méthodes différentes entre l’enseignant de classe et celui des cours particuliers;
-parfois, certains enseignants des cours particuliers se permettent de blâmer leurs confrères de classe pour justifier leur utilité;
-surmenage et perte de temps empêchant l’élève de faire ses devoirs-maison courants;
-dépenses financières importantes et souvent inutiles;
-résultats souvent non conformes aux attentes des parents.
Les élèves profitent-ils ou se font-ils arnaquer ?
Le budget des cours particuliers ne représente pas une simple formalité pour certains parents d’élèves puisqu’il s’agit généralement d’une somme importante. Mais lorsque les résultats sont absents, on commence à douter de la qualité et la crédibilité de ces cours dispensés en dehors des heures de scolarité normale.
Nous pouvons ainsi interpréter deux différentes conséquences sur la vie scolaire de l’élève :
1) la réussite de l’élève : il est le meilleur gestionnaire de son emploi du temps; il sait équilibrer entre le travail et le repos; il n’est pas surmené; et il profite des heures de cours particuliers pour s’entraîner, réviser et s’entraider avec ses camarades;
2) l’échec de l’élève : il est en effet surmené et sa mémoire est tellement saturée qu’il se sent épuisé. Ceci est le résultat de la mauvaise gestion du temps et surtout un mauvais contrôle des acquis, car lors des séances de cours officiels, cet élève n’arrive pas à bien se concentrer afin d’assimiler les connaissances. C’est ainsi que les cours particuliers n’auront aucune utilité. Par conséquent, l’élève ne tire plus aucun profit des heures supplémentaires payées qu’il prend dans le but d’améliorer ses capacités. Cela peut à l’inverse le conduire vers des résultats inacceptables.
C’est pour toutes ces raisons que l’Académie du Lac et le Collège du Lac que je dirige ont instauré des cours de remédiation et de consolidation pour les élèves de leur établissement. Ces cours sont gratuits et viennent en appui de l’emploi du temps de l’élève.
Ainsi, les enseignants, qui ayant préalablement évalué leurs élèves, consacreront des séances à l’école pour aider les élèves nécessitant du soutien ou encore ceux qui ont besoin de consolider leurs acquis.
En quittant l’école, l’élève doit se défouler, retrouver et vivre pleinement sa vie d’enfant.
Ce qu’il faut retenir
Comme vous pouvez le constater, la promesse des cours de remédiation et de consolidation à l’école devient un privilège très bénéfique. À vous de déterminer ce qui convient au mieux à vos enfants. Tout ce que vous devez retenir en priorité, c’est que l’option de soutien en salle de classe reste très certainement le meilleur choix car la plus bénéfique. Hors école, l’enfant doit profiter d’activités de son âge mais aussi de son environnement familial.
* Chef d’établissements scolaires.
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