Dans un statut écrit et publié en 2018 et repartagé de nouveau sur sa page Facebook, aujourd’hui, lundi 26 octobre 2020, l’auteure s’interroge : «À qui profite cette haine de la France?». En pleine campagne menée par certains députés tunisiens contre la France et son président Emmanuel Macron, cette question revêt une grande actualité. Et la réponse implicite est la suivante : la haine de la France profite aux obscurantistes et aux ennemis de la liberté, de la raison et de l’intelligence.
Par Olfa Youssef *
À qui profitent des jeunes qui n’ont jamais côtoyé Balzac, ni rêvé avec Sagan; ils ne se sont pas enivrés de Baudelaire, ni tangué devant Derrida, ni appris en lisant Lacan, ni aimé en lisant Pascal?
À qui profitent des jeunes qui n’ont pas vu la Vie en rose avec Piaf, ni regretté leur vingt ans avec Aznavour, ni morts sur scène avec Dalida, ni visité Alexandrie avec Claude François, ni appris la résistance avec France Gall?
À qui profitent des jeunes qui ne savent rien de la galanterie, de la finesse d’esprit, de l’acuité des jeux de mots, des charades et des rébus?
À qui profitent des jeunes qui n’ont jamais lu Pif, Blake, Zembla, qui ne connaissent pas Rahan, le fils des âges farouches, pour qui Godard, Truffaut ou Chabrol sont de purs inconnus…
Je suis arabisante, arabophone, mais j’ai toujours été, ainsi que ceux de ma génération, ouverte à l’amour de cette grande culture qu’est la culture française…
Ceux qui nous ont précédé ont fait mieux, et je n’oublierai jamais un Farhat Dachraoui «Allah yarhamou», qui nous traduisait en classe, et instantanément s’il vous plaît مقدمة ابن خلدون، وطوق الحمامة لابن حزم de l’arabe vers le français, avec la même facilité déconcertante que s’il sirotait un thé…
Notre Mahmoud Messadi national excellait dans les deux langues, l’arabe et le français…
Cette trempe d’hommes n’est plus…
À qui profite le crime?
Suivez mon regard…
* Universitaire et écrivaine.
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