Les développements dans les moyens de transports et les télécommunications ont bouleversé le comportement des gens. La limitation des délais d’attente, le confort, la prépondérance des moyens de transport individuels n’arrivent pas à dissuader les pouvoirs en Amériques de changer le modèle, ou la date, ou le jour des élections présidentielles. Ils semblent être immuables et intouchables, inscrits dans le patrimoine culturels du peuple américain.
Par Mohsen Redissi *
Le stade suprême de la démocratie est l’alternance, qui ne peut se faire que par la voie d’élections libres et transparentes. La majorité des pays ont choisi, non pas par hasard, mais par un choix délibéré de tenir ces élections le jour du repos hebdomadaire. Moins onéreux. Ce jour de farniente instauré depuis l’antiquité chez plusieurs civilisations pour diverses raisons. Le dimanche, jour du soleil dans l’Empire romain. En Mésopotamie, par superstition le chiffre 7 considéré comme néfaste, et arrêt de toute activité les 7, 14, 21 et 28 de chaque mois. Pour d’autres, le septième jour de la semaine correspond approximativement à un quart de lune.
Les pères fondateurs de l’Amérique, The Founding Fathers, étaient des visionnaires hors pairs, magnanimes et altruistes. Ils ont bâti une société nouvelle, dont l’individu était le centre d’intérêt de la nouvelle classe politique. S’éloigner de l’héritage culturel anglo-saxon épargnerait aux nouveaux Etats unis, les treize premières colonies, de tomber dans les erreurs du passé. La révolte contre la Couronne britannique n’avait-elle pas commencé par le refus de payer de nouvelles taxes à un Etat qui ne les représente pas : «Pas de taxation sans représentation» (No taxation without representation), slogan qui a coûté au roi George III la perte d’une partie de son royaume. ‘‘Richard III’’ de William Shakespeare dans l’ultime scène de la pièce qui porte son nom réclamait un cheval pour sauver le sien, («A horse! A horse! My kingdom for a horse!»), le roi des Anglo-saxon perdit l’Amérique à cause d’une tasse de thé.
Des élections en jour de semaine ! Pourquoi faire? Pour qui?
Pourquoi des élections au mois de novembre ? Pourquoi pas au beau milieu de la belle saison, les journées sont plus longues et agréables à souhaits. Dans un monde agricole en général, les saisons se succèdent mais ne se ressembles jamais. Aux vagues des saisons les plus chargées, périodes de semence et de récoltes, suivent les creux des attentes et les préparatifs pour une nouvelle saison. Novembre semble être propice. Les moissons d’été sont loin derrière, et l’hiver est aux portes des plaines exposées aux vents violents et glaciaux. Le blizzard et les fortes tempêtes de neige paralysent les villes du nord et touchent les Etats du centre et de l’est du continent américain.
Désormais la charge incombe au gouvernant ni par droit d’ainesse, ni par hérédité, ni par le bain de sang, mais par un choix délibéré, et murement réfléchi. À la nouvelle république naissante manquait les moyens. Désireuse de faire participer le maximum de gens dans le nouveau mode de gouvernement, les bureaux de vote, peu nombreux, étaient éparpillés sur un vaste territoire champêtre, loin des agglomérations, loin du lieu de résidence de beaucoup de votants pour toucher le plus grand nombre d’électeurs, à une époque où la monture était le seul moyen de locomotion.
Les nouveaux électeurs, acquis à une démocratie en balbutiement, non encore rodés aux jeux dangereux de la politique, prenaient la peine d’aller voter. Les routes étaient celles utilisées par les diligences et les convois de pionniers à la recherche de nouvelles terres fertiles, sommaires, mal entretenues, parsemées d’embuches. Les indications faisaient souvent défaut. L’immensité du territoire et l’inexactitude des cartes faisaient perdre la tête ou la boussole aux cavaliers les plus émérites.
Dimanche est un jour sacré, consacré à servir le Créateur. Partir en début d’après-midi aprés l’office augmenterait les chances de faire de mauvaises rencontres la nuit tombée. Aller remplir son devoir, voter et revenir dans la même journée, était un exercice qui demande beaucoup de courage et une santé de fer. Aller voter le mardi était un choix judicieux. Deux jours, largement suffisants pour un aller-retour. Profiter du paysage et faire travailler les quelques commerces, saloons et hôtels. Le consensus était général.
Dates uniques dans l’échiquier des élections
Pour ne pas lasser la population par des journées de votes à répétition, qui peuvent porter préjudice au droit de vote des citoyens et perturber les rendements de leurs terres les poussant à mieux s’abstenir que voter, une date unique a été instaurée pour la plupart des élections présidentielles, sénatoriales, législatives et locales. Pour des raisons pratiques et financières toutes tenues le jour des élections présidentielles.
L’ampleur des élections présidentielles et leur impact direct sur la scène nationale et internationale éclipsent tout autre élection tenue en marge des présidentielles. En allant voter, l’électeur américain choisit son président, et dans la foulée dépose dans les urnes ses choix pour ses représentants locaux. Certains Etats, pour des raisons pratiques, organisent leur référendum pendant le «Jour des élections» (Election Day.) D’une pierre plusieurs coups. Des sommes colossales restées dans les caisses des Etats, réutilisées au profit des collectivités locales ou injectées dans les activités des multiples associations impliquées dans le développement humain.
Une date unique pour les élections présidentielles et toutes les autres confondues nécessitent une coordination sans faille et une mécanique bien huilée. Toutes les pièces de cette gigantesque roue de la fortune doivent être réunies. Les débuts, ou les premières éditions, étaient certes difficiles. La réussite dépend de l’apport des parties concernées. L’Etat fédéral finance et fournit en partie la logistique nécessaire pour cette parade, et aux Etats de contribuer, chacun selon ses besoins.
Une date unique et à intervalle régulier est une sorte de fidélisation de l’électorat. On sait à coup sûr les échéances qui attendent celui qui s’intéresse de près à la vie politique de sa circonscription. Pas de surprise, ni d’imprévu mais une continuité qui génère un sentiment de quiétude pendant le changement de législature.
Une aile dans les sous-sols de la Maison blanche est revisitée et rénovée tous les quatre ans pour le président élu, comme il peut choisir tout autre quartier général, ou garder le siège de sa campagne comme base pour son nouveau départ. Le lendemain du scrutin des élections présidentielles américaines, à zéro heure, le candidat élu devient le Président des EU et le chef des armées. Désormais, c’est lui préside le briefing quotidien sur la situation sécuritaire dans son QG et siège au Conseil de sécurité nationale à la place de son prédécesseur; dorénavant, c’est à lui que revient le droit et le «privilège» de déclarer la guerre. Son salaire est revu à la hausse. Il touche le salaire d’un président en exercice, et commence à former dans l’ombre son cabinet et à choisir ses ministres, les directeurs des agences nationales de sécurité, et le staff qui va le seconder. Le rôle du président sortant se résume à signer ses derniers décrets, faire ses valises et compter les jours qui lui restent à la Maison blanche.
Le 20 janvier, jour fatidique, le président élu prête serment sur les marches du Capitole, siège du Congrès, le pouvoir législatif des États-Unis, main gauche sur la Bible devant le président de la Cour suprême, le Chief of Justice, en présence du président sortant, des anciens présidents, de son vice-président et de plusieurs autres personnalités et des invités de marque. La cérémonie sera privée si le 20 janvier est un dimanche. Le lendemain 21 janvier, elle devient une représentation grand public, bis repetita, pour ne pas faillir à la tradition dans la passation du pouvoir. Les Américains et le monde entier doivent bien observer et apprendre comment se déroule dans la sérénité, et par tous les temps, le passage de la vie de lumière à une vie plus tranquille. La foule salue l’ouvrage et acclame les nouveaux résidents de la Maison blanche. Le roi est mort, vive le roi.
La cérémonie a plusieurs significations. Des messages clairs sont envoyés à chaque locataire. C’est sur le perron du Capitole, le pouvoir législatif sans conteste, pour témoin le président de la Cour suprême, la plus haute autorité aux EU, où se déroule l’investiture. Une location à bail renouvelable une seule fois. La Maison blanche n’est autre que la très modeste résidence du président des EU. L’histoire nous rappelle que la stature du président dépasse de loin ce clivage traditionnel. Le monde a souvent tremblé, et le monde a souvent été façonné au sein du légendaire bureau ovale.
Le 27 janvier, encore une date unique, le président nouvellement investi de ses pleins pouvoirs se présente pour la première fois devant le Sénat en séance plénière, et s’adresse à la Nation américaine dans un discours programme tant attendu sur la scène nationale et internationale, l’Etat de la nation (State of the Union.)
Le président et le vice-président forment un tandem unique
Les Pères fondateurs ont dès le départ trouvé la parade intelligente, sans états d’âmes, pour garder cette date unique des élections en de cas de vacance de la charge suprême de l’Etat : décès, incapacité physique ou mentale d’exercer, ou voyage à l’étranger, le colistier, le Dauphin, choisi par le président lui-même, le vice-président entre en scène. Sa présence est précieuse, elle rassure et fait taire toutes velléités. Pas de nouvelles élections, pas de guerres de clans, ni guerre de succession, ni de tensions intestines, le poste est pourvu pour les quatre ans à venir. Le président peut s’en délester en cours de route, mais aussitôt remplacé. Le poste ne doit jamais rester sans son locataire. On ne sait jamais ce que le sort peut réserver.
En voyage officiel, le vice-président s’installe dans le bureau présidentiel et prend les commandes du pays, mais en cas de vacance du poste, il prête sermon l’heure qui suit. Après l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, JFK, à Dallas, Texas, son vice-président Lyndon B. Johnson, LBJ, insiste pour prêter sermon sur sa terre natale dans l’avion Air Force One, encore cloué au sol, devant une juge fédérale, le cercueil de son défunt président JFK dans les soutes. Il atterrit quelques heures plus tard sur le tarmac à Washington, D.C., en tant que 36e président des États-Unis.
Le président et le vice-président forment un tandem unique. L’ombre et la lumière. Tapi dans les sous-sols de la Maison blanche pour des raisons de sécurité et de raison d’Etat. Le vice-président ne se retrouve jamais dans la même pièce que le président à une exception près. Une personne discrète à souhait. À la hauteur de sa charge, peu de pouvoir visible, mais chargé de dossiers épineux. Il décharge le président des tâches ingrates lui laissant les brides libres et assez d’espace pour se consacrer à la gestion des affaires de l’Etat. Une exception fait la règle, Al Gore, vice-président sous l’administration Bill Clinton, a fait de la planète et du réchauffement climatique sa devise et son combat, son cheval de bataille. Le Parlement norvégien lui discerne en 2007 le prix Nobel de la paix pour son documentaire, disponible depuis en livre, «Une vérité qui dérange», pour son engagement sans faille pour l’environnement et l’écologie.
Les moyens de voter à distance gagnent du terrain
Le maintien de la date unique comme rendez-vous pour les élections présidentielles, législatives et autres nationales et régionales est inscrit dans la mémoire collective du peuple américain. Le développement des nouvelles technologies n’arrive pas à donner un coup d’arrêt au désir de se rendre aux urnes et de voter comme le faisaient leurs Pères fondateurs. Les irréductibles restent nombreux. Le maintien des dates est une tradition électorale. Pendant la pandémie, les Américains ont commencé à aller aux bureaux de vote 3 semaines à l’avance pour respecter le délai du premier mardi de novembre comme date butoir et éviter les longues files d’attente au risque de se voir contaminer.
Les moyens de voter à distance sont nombreux, multiples, variés. Ils sont adaptés aux dispositions mentales et physiques des votants. Chacun selon ses capacités, chacun selon sa motricité, chacun selon sa mobilité. Personne n’est laissé de côté, oublié, ou laissé pour compte, No one left behind. 32 Etats autorisent le vote anticipé pour convenance. Les grands voyageurs, ou ceux qui par obligation, les militaires par exemple, loin de leur bureau de vote habituel le jour des élections, peuvent voter. La date unique leur convient à merveille. Ces votants prennent leur disposition bien à l’avance de la date fatidique.
Le bulletin de vote doit impérativement être posté au plus tard le jour des élections, le cachet de la poste faisant foi dans ce cas. Une exception accordée aux militaires stationnés hors frontières nationales. Une dérogation d’une semaine. Le vote électronique commence à s’imposer davantage pour des raisons multiples, vote tardif à distance afin de jauger la tendance avant de se décider quel candidat choisir, ou exprimer son choix vite fait et aller vaquer à ses à ses obligations quotidiennes sans bouger de la maison ou sans quitter le bureau. Un jour, très proche, il y aura zéro bureau vote. Dans une smart city, des bornes électroniques et un téléphone portable, ou un autre support intelligent, suffit pour s’acquitter de la tâche indépendamment du lieu de résidence, du bureau de vote, ou du lieu où se trouve le votant.
Plusieurs voix se sont élevées de faire du «Jour des élections» un jour férié en reconnaissance de l’importance de ce jour et de sa grande signification dans le calendrier de l’échiquier politique. Le but étant d’encourager les citoyens à prendre la peine et d’aller voter. Le Sénat américain a échoué à faire adopter une loi. En l’absence d’un consensus national, quelques Etats considérant que ce jour mérite un semblant de reconnaissance ont en fait un jour férié. D’autres accordent d’avantage de liberté à leurs concitoyens ou exhortent les patrons à plus de flexibilité vis-à-vis de leurs employés se rendant aux urnes pour exprimer leur droit de vote. Cette tendance commence à décliner. Le vote électronique et à distance s’installe de plus en plus dans les habitudes du nouveau genre d’électeurs et dans le paysage électoral.
Les Pères fondateurs se sont détachés de la mainmise de l’église
La conjoncture qui a enfanté dans la douleur le mardi suivant le premier lundi de novembre, soit le mardi 2 novembre si le premier novembre est le lundi, soit au plus tard le 8 novembre si le premier novembre est le mardi de la semaine d’avant, semble être loin derrière, à la traine, balayée par une Amérique entreprenante et dynamique, mais son esprit est resté vivace. Il rejoint en quelque sorte la philosophie derrière le premier amendement de 1789 : «Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l’établissement ou interdise le libre exercice d’une religion, ni qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu’a le peuple de s’assembler paisiblement…» La recherche de l’épanouissement de l’individu l’emporte sur les intérêts étroits et sordides des partis. Les Pères fondateurs se sont détachés de la mainmise de l’église en assurant et en assument en toute liberté la «neutralité » de l’Etat fédéral à l’aube de sa création. L’individu rien que l’individu ! L’ancien monde n’a consommé la séparation qu’au début du 20e siècle.
L’église a tendance à essayer de tout contrôler, les populations et leur croyance par tous les moyens. Elle appelle au sens moral des croyants et leur foi. L’enfer et le châtiment, le lot des mécréants qui refusent de suivre les préceptes de l’église. Au cours des siècles, elle a fini par faire du temps de repos après un travail harassant, arraché par le sang, un jour de recueillement et de prière pour le monde chrétien. Elle considère que le dimanche correspond à la commémoration de la résurrection de Jésus. Ce litige temporel – faut-il consacrer le dimanche pour servir le Tout Puissant ? ou faut-il consacrer ce jour de repos hebdomadaire à la famille ? – a été balayé par une industrie naissante avide de main d’œuvre. Le capitalisme s’installe dans les villes, dans les esprits et dans la vie familiale. Il y a désormais un temps pour travailler et un temps pour se reposer et se divertir. Le repos hebdomadaire gagne du terrain. Les classes laborieuses, exténuées par un travail éreintant, aidées par les mouvements sociaux naissants finissent par trouver dans le dimanche une voie autre, une planche de salut autre que le chemin qui mène au Seigneur.
Si en Occident l’Etat a réussi à se séparer de l’église et à reprendre possession du dimanche comme jour de repos hebdomadaire universel, les pays islamiques hésitent encore à franchir le cap. Seuls quelques pays ont gardé le jour du repos hérité de la décolonisation. Le choix est cornélien. Se conformer aux usages et aux coutumes de l’Orient islamique, ou continuer à suivre l’option imposée par l’Occident colonialiste. Un choix lourd de conséquences. Certains ont déplacé ou décalé les jours de repos hebdomadaire arabe et islamique jeudi-vendredi vers vendredi-samedi non pas pour des raisons religieuses, loin de là, mais purement pour des raisons économiques. Les pays arabes gros producteurs de pétrole et de gaz naturel, en même temps de grandes plaques tournantes financières enregistrent de fortes pertes. Leurs marchés financiers locaux restent en dehors des circuits internationaux trois jours de suite du jeudi au samedi. Dimanche étant un week-end dans le reste du monde. Une absence assez longue et lourde de conséquences pour que le poids des pertes ne se penche dans la décision de revoir la composition du jour de repos hebdomadaire et de choisir la formule qui sied au mieux aux intérêts nationaux.
Pourquoi pas le samedi ? Le Shabbat vient ponctuer la vie spirituelle et matérielle des Hébreux. Ce jour de repos hebdomadaire, qui débute du vendredi soir au samedi soir, est consacré à Dieu, en souvenir de la création. Pour les juifs, c’est une journée réservée à la prière, avec un détachement absolu de toute autre activité.
Avaient-ils entre les mains ou en tête ces données et les particularités culturelles et religieuses spécifiques aux populations qui composaient à l’époque une contrée non encore connue ? Le fait y est que pour toutes les raisons et bien d’autres, les Pères fondateurs avaient fini par choisir un jour de semaine une date unique pour concentrer toutes les élections fédérales, ou régionales ou locales, ou présidentielles, ou parlementaires, ou sénatoriales, ou référendums ou autres de se tenir le même jour bien décalées des calendriers agricoles, semences ou moissons, des activités estivales et des rigueurs d’hivers givrants. L’épanouissement de l’individu dans une société à créer était la pièce maitresse de cet édifice.
S’éloigner de la religion tout en préservant les valeurs morales
Dans cette terre promise pour les premiers pèlerins fuyant les persécutions sous toutes leurs formes dans la plupart des pays d’Europe, terre de salut pour les premiers déshérités, les Pères fondateurs ont tout d’abord cherché à protéger les acquis de la révolution et à couper court avec les vieilles pratiques, causes qui ont conduit à la révolte et au soulèvement des paysans du nouveau monde contre la couronne britannique.
Le choix du premier mardi qui suit le premier lundi de novembre répond aux souhaits des maîtres penseurs de la révolution américaine, à la philosophie et la clairvoyance des révolutionnaires de l’époque de s’éloigner de la religion mais en même la préserver en reconnaissance des valeurs morales qu’elle véhicule, ni aliéner ses adeptes et les pousser à rejeter l’Etat en signe de défi. La neutralité est choisie et délibérée. Le choix de la date loin de toute contrainte légale ou morale exige une volonté de la part des législateurs à chercher à préserver l’unité nationale avant tout autre calcul politicien. Le samedi porterait préjudice aux adaptes de Moise, le dimanche rendrait les adaptes de Jésus furieux. Le nombre des musulmans à l’époque était insignifiant ou très mal connu. L’islam était la religion d’esclaves arrachés des pays africains musulmans de l’époque. Sa pratique était clandestine, et ses rites secrets.
Les développements dans les moyens de transports et les télécommunications ont bouleversé le comportement des gens. La limitation des délais d’attente, le confort, la prépondérance des moyens de transport individuels n’arrivent pas à dissuader les pouvoirs en Amériques de changer le modèle, ou la date, ou le jour du scrutin. Ils semblent être immuables et intouchables, inscrits dans le patrimoine culturels du peuple américain. Revenir sur le dimanche, c’est procéder à une manœuvre rétrograde, c’est réveiller le démon qui somnole, c’est rallumer le clivage entre le sacré et le profane.
* Ancien fonctionnaire international.
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