Cette tribune est une réponse à un article de Maya Ksouri intitulée ‘‘Islam : A dissonance cognitive existe-t-il un remède ?’’ publiée le 1er novembre 2020 par Businessnews. Nous le publions, à la demande de l’auteur, qui affirme avoir attendu trois semaines sans que son texte ne soit publié par Businessnews.
Par Nizar Chabbi *
Définition préalable : pour designer la microscopique portion de la population tunisienne dont Maya Ksouri est à mon humble avis la parfaite caricature, il m’a fallu inventer un nouveau terme : «la micro-classe» de Tunisie. Je les nommerais aussi parfois dans mon texte les «self-hating Muslim» par effet miroir au terme «self-hating Jew» qui désigne chez nos cousins hébraïques ceux parmi les leurs qui osent critiquer la politique israélienne ou la chape de plomb que leur communauté exerce sur ses individus.
Au vu de l’objet assigné à cet article, nous ne soustrairons rien des divers aspects de la personnalité pathologique de cette frange de la population tunisienne, dont Maya Ksouri se fait – bon gré mal gré – la très fidèle caricature. Nous n’épargnerons ni sa vacuité intellectuelle, ni le complexe de supériorité qui la caractérise ainsi que sa micro-classe lorsqu’il s’agit de se comparer l’individu lambda tunisien, ni le complexe d’infériorité vis-à-vis de tout ce qui est blanc et surtout français –complexe sous-jacent au précèdent et qui flaire bon le complexe du colonisé –, ni surtout cette fausse érudition à laquelle Maya nous a habitués et qui consiste à survoler un sujet ou en picorant dans ses alentours en balançant quelques mots-clés pour mystifier son auditoire ou son lectorat… qui, il est vrai, est souvent ignorant en la matière (et je parle ici des références faites à la religion juive, au Talmud, a la Thorah et aux midrashim, sur lesquels nous reviendrons plus loin).
Les musulmans, principale cible de l’extrême droite en Europe
Maya n’est certainement pas sans savoir que la montée de l’extrémisme de droite dans toute l’Europe et particulièrement en France (à une vitesse inouïe et jamais vue auparavant depuis ces dernières semaines) a pour principal sinon unique cible l’islam, les musulmans ou les perçus comme tels.
Maya n’est pas sans savoir que les pogroms qui sévissent en Inde depuis l’avènement du régime fascisant de Narendra Modi ne visent ni les chrétiens, ni les juifs ni les adeptes d’une quelconque religion new-age, mais visent explicitement et de façon revendiquée les seuls musulmans.
Maya n’est pas sans savoir que les camps de concentration érigés en Chine au vu et su de toute la planète, et où croupissent apparemment plus d’un million d’individus, ne sont remplis encore une fois ni de chrétiens ni de juifs ni de brahmanes… mais de Ouighours musulmans.
De ce fait, Maya voudra bien nous expliquer comment elle est arrivée à la conclusion que «toutes les religions sont attaquées» ?
Pour ce qui est de l’ignorance et du vide sidéral qui caractérise l’esprit du tunisien moyen quant au Coran ou à l’histoire de l’islam (mais pas uniquement), je ne peux que confirmer ce qu’elle affirme… à ceci près que j’ajouterais qu’en la matière, Maya est une parfaite Tunisienne…
La micro-classe se pense au-dessus de la masse
En mettant à l’index le «Tunisien moyen», Maya entend bien-sûr (en bon membre de la micro-classe qui se respecte) se positionner au-dessus de cette masse qu’elle (et que la micro-classe) abhorre. Pour bien enfoncer le clou à ce propos, Maya pratique l’un des sport les plus favoris de la micro-classe : jouer au psychiatre amateur en nous servant le bon vieux refrain (devenu viral sur les réseaux sociaux) du dédoublement de personnalité dont souffrirait le Tunisien (et le musulman) moyen, et servi cette fois sous l’appellation savante de «dissonance cognitive»… certainement pour faire plus kitsch…
La réaction du Tunisien moyen à ce propos (concernant les attaques terroristes) est certes maladroite et non appropriée, mais la réaction de Maya et de toutes les autres Maya (hommes ou femmes) qui constituent la micro-classe n’est-elle pas teintée d’un petit complexe d’infériorité, «d’à-plat-ventrisme» serais-je tentée de dire, en ce sens ou elle va dans le sens et conforte les voix les plus extrémistes, les plus xénophobes et les plus islamophobes qui hurlent en ce moment même en France et qui nous rappellent les heures les plus sombres de l’histoire de ce pays ?
Maya a-t-elle ne serait-ce qu’une idée de combien la parole raciste décomplexée et assumée, les termes tels que «remigration» ou «camps» ou «chambres à gaz» sont devenus monnaie courante sur les réseaux sociaux tricolores ? Les Zemmour, BHL, Goldnadel, Finkielkrault, etc… trouveraient en Maya une parfaite réplique féminine au sieur Chalghoumi… avec un meilleur français certes… mais peut-être est-ce là la volonté cachée de Maya…
Pour ce qui est de l’aspect non-prosélyte du judaïsme que Maya ne cesse de nous ressasser à travers ses laborieuses lignes, et pour la gouverne de Maya, le judaïsme fut (et reste pour certains courant du judaïsme tels les Karaïtes) une religion prosélyte jusqu’à la fin du 4e siècle de notre ère. Ce n’est qu’avec l’avènement du judaïsme rabbinique, et tout l’exclusivisme qui caractérise ce dernier, que le judaïsme est devenu un club fermé dont la carte d’adhésion s’hérite par la maman.
Notez bien aussi, à travers tout le texte de Maya, les innombrables appels du pied qu’elle fait aux représentants de la communauté organisée (outre-Méditerranée surtout) en multipliant les références mélioratives à l’égard du judaïsme et les références péjoratives à l’égard de l’islam.
Maya a bien compris où se situait le rapport de force, où réside le pouvoir outre-Méditerranée… et compte bien le faire comprendre.
J’aimerais que Maya soit consciente que sa voix est et sera utilisée par les tenants d’une politique fascisante en France en particulier pour s’en prendre au 10% de «mizulmons» (comme dirait l’imam Chalghoumi) de France. La chasse a déjà été ouverte, des numéros verts incitant à la délation ont été instaurés par le ministère de l’Intérieur français lui-même (voir ci-dessous), et que les Renseignements Généraux ont même commencé a susurrer aux oreilles des décideurs (qui ne demandent que ça) que toute la population musulmane de France est à considérer au pire comme terroriste, au mieux comme potentiellement fanatisée !
La France se dirige à une vitesse alarmante vers l’instauration d’un régime autoritaire et oppressif envers ses minorités : outre l’encouragement à la délation (une tradition bien française), les poursuites légales envers des mineurs encore collégiens ont déjà commencé, avec menace de poursuite envers les parents, souvent pour la simple raison que le gamin ou la gamine a osé avoir un fou-rire pendant la minute de silence.
Bientôt, aux pays des droits de l’homme, nous auront des commissaires politiques, comme au bon vieux temps des démocraties populaires, qui questionneront les gamins : papa prie ? maman fait le ramadan ? vous écoutez le Coran chez vous ? vous mangez halal ?
Le temps du fichage des individus et du flicage des minorités n’est pas très loin (il est même déjà là), et Maya ne doit pas en douter : ses propos nourrissent la bête.
Mais il est bien connu parmi nous autres Tunisiens : Maya n’aime pas les zmegris… ils ont le tort de ne pas voter aux élections tunisiennes comme elle le voudrait…
Nous voici maintenant arrivés à la perle des inepties du texte commis par Maya. Je veux dire par là les nombreuses références aux textes de la religion juive, le Talmud en l’occurrence qui selon notre Maya nationale a circonscrit et conjuré la violence de la Torah (sic !).
Preuves que le Talmud est aussi violent que la Torah
Espérons que les quelques midrashim Talmudiques ci-après (et ce ne sont que quelques morceaux choisis) puissent clarifier quelque peu l’idée que Maya se fait du Talmud :
Talmud, Ereget Rashi Erod.22 30 : «Un Non-juif est comme un chien. Les écritures nous apprennent qu’un chien mérite plus de respect qu’un non-juif».
Talmud, Iebhammoth 61a : «Les juifs ont droit à être appelés ‘‘hommes’’, pas les non-juifs».
Talmud Sanhedrin 58b : «Un Gentil (Goy) qui frappe un Juif mérite la mort. Frapper un Juif est dans les yeux de Dieu l’attaque de la Présence Divine.»
Talmud Sanhedrin 37a : «Quiconque détruit un seul Israélite est considéré avoir détruit le monde entier».
Talmud, Babha Bathra 54b : «La propriété d’un Non-juif appartient au premier juif qui la réclame».
Talmud Babha Kama 113a : «Les juifs peuvent mentir et se parjurer, si c’est pour tromper ou faire condamner un Non-juif.»
Talmud, Abhodah Zarah 54a: «L’usure (le taux d’intérêt) peut être pratiquée sur les Non-juifs, ou sur les apostats.»
Talmud, Bammidber Raba c 21 & Jalkut 772: «Tout juif qui verse le sang d’incroyants (non-juifs) revient à la même chose qu’une offrande à dieu.»
Maya n’est pas sans savoir (ou peut-être que si après tout… ) que la conquête de Palestine par le mouvement sioniste depuis le début des années 1920, et tous les massacres qui en découlèrent (le massacre de Deir Yassine, le groupe Abraham Stern, la Hagannah, le massacre de Sabra et Chatila, le courant Meir Kahanah, le nettoyage ethnique, les invasions du Liban, la destruction de Babel (l’Iraq), les meurtres quasi-quotidiens de palestinien(ne)s désarmé(e)s, etc.) ne sont que des injonction talmudiques !
Je renverrais, à ce propos, Maya à plus de lectures (Gershom Scholem, Shlomo Sand, Israel Shahak… pour ne citer que des auteurs juifs) si elle veut se faire une idée de la religion mosaïque avant de s’aventurer dans des sujets qu’elle ne maîtrise manifestement pas.
Pour ce qui est de la violence dans le Nouveau Testament, je renverrais Maya à la lecture de feu Mohamed Talbi à ce propos… à moins qu’elle ne considère ce dernier comme un affreux islamiste…
La suggestion que nous fait Maya vers la fin de son laborieux exposé n’est ni plus ni moins un Vatican II islamique, ou la tentative de BHL de «réécrire le Coran par un rabbin» … le tout bien sûr pour plaire à Maya et ses maîtres (à penser).
En somme, l’injonction de Maya est la suivante : réécrivez-donc votre Coran ! expurgez-le donc de ces versets qui nous (elle et la micro-classe) font honte devant… les touristes…
Malheureusement, l’histoire moderne est pleine de ces self-hating muslim qui enjoignent les leurs au «ta7rif» pour soi-disant entrer dans la modernité… mais à ce propos Maya fait plus office de «chalghoumette» que de Salman Rushdie… le talent littéraire est inégalement reparti parmi les hommes (et les femmes).
La référence au terme «islamo-gauchiste» faite par Maya est ici très symptomatique (au sens clinique du terme). À travers son prisme de vison atrophié, Maya, qui n’est pas à une contradiction près, en bonne libérale libertaire, n’hésite pas à reprendre à son compte les termes et les idées véhiculées par les milieux identitaires proto-fascistes français.
Il est à rappeler, que le terme «islamo-gauchiste» et l’utilisation qui en est faite de nos jours a été dénoncée par des noms aussi respectables et au-dessus de tout soupçons d’accointances islamistes que Pascal Boniface, Emmanuel Todd, Eric Fassin, Alain Brossat etc.
Pour finir, je conseillerais à Maya d’éviter les sujets par trop intellectuels et nécessitant quelques connaissances plus approfondies que les approximations qu’elles nous assène, et de reprendre la place qui est la sienne : aux côtés de messieurs Lotfi Laamari et Mohamed Boughaleb sur un plateau d’Al-Hiwar Ettounsi.
* Juriste.
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