Contrairement à ce qu’espèrent les dirigeants d’Ennahdha, le parti islamiste tunisien, la nouvelle administration américaine conduite par Joe Biden ne renouera pas avec le parti-pris américain en faveur des islamistes, présentés un peu rapidement comme des agents stabilisateurs dans une région où leur unique apport, au cours des dix dernières années, a été, jusque-là, la montée du terrorisme islamiste dans le monde.
Par Elyes Kasri *
Beaucoup d’adeptes de l’islamisme politique semblent se réjouir de la récente élection à la présidence des Etats-Unis de Joe Biden, ancien vice-président de Barak Hussein Obama, qui a, d’après les révélations de hauts responsables américains dont l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Rodham Clinton, a joué un rôle déterminant dans le déclenchement de ce qui a été indûment qualifié de «printemps arabe» et qui a en fait favorisé la mainmise de groupes et partis islamistes sur plusieurs pays arabes.
Cette réjouissance semble avoir été accentuée par le choix (à confirmer ultérieurement) d’Anthony Blinken, ancien secrétaire d’Etat adjoint (2015-2017) durant la présidence d’Obama, au poste de secrétaire d’Etat (ministre des Affaires étrangères), sous prétexte qu’il connait personnellement Rached Ghannouchi Kheriji, président du mouvement Ennahdha, le parti islamiste tunisien, après l’avoir rencontré à plusieurs reprises.
Un fossé sépare les discours des islamistes et leurs pratiques
Toutefois, certains démocrates américains pensent que le fait que Blinken connaisse personnellement Ghannouchi peut ne pas être à l’avantage de ce dernier rien qu’à voir ce que disent de lui ses plus proches compagnons au sein d’Ennahdha et qui l’accusent de népotisme, de corruption et de danger pour la démocratie et la Tunisie.
Depuis 2011, l’establishment démocrate américain a pu observer le fossé qui sépare les anciens discours fleuris et politiquement corrects des islamistes et leur pratique désastreuse du pouvoir.
Blinken est connu pour être un francophone et même un francophile. Avec la volonté du président élu Biden de renouer avec l’Alliance atlantique, il y a fort a croire qu’avec Blinken, le point de vue de la France, puis de l’Italie, de l’Allemagne et de l’Autriche sur les dangers et les pratiques subversives de la nébuleuse islamiste sera mieux écouté.
De confession juive et issu de familles juives qui ont fui la persécution nazie en Europe, Blinken est connu pour être particulièrement sensible aux dérives qui poussent les gens à l’exil comme c’est le cas de beaucoup de ressortissants arabes qui ont été poussés à l’exil par des régimes islamistes ou des organisations terroristes islamistes occasionnant ainsi une vague migratoire et des comportements considérés subversifs et même terroristes par un nombre croissant de pays européens.
Dissiper l’illusion entretenue sur l’islamisme et la stabilité régionale
En Tunisie, ceux qui veulent éviter un renouvellement du parti-pris américain en faveur des islamistes, devront œuvrer à dissiper l’illusion créée par la nébuleuse islamiste et rompre le binôme que les islamistes et leurs suppôts de la gauche et autres «droits de l’hommistes» ont pu établir dans l’esprit des Occidentaux et des Américains en premier lieu entre islamisme-démocratie et islamisme-stabilité régionale qui sont en fait deux oxymorons, autrement dit deux notions mutuellement contradictoires.
Ces deux binômes-oxymorons sont la clé du soutien qu’a pu s’assurer aux Etats-Unis et en Europe l’islamisme politique qui devra dorénavant être perçu comme ce qu’il est en réalité, a savoir une perversion de la foi musulmane et une dérive totalitaire et subversive à l’échelle planétaire.
* Ancien ambassadeur.
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