Alors que le président de la république Kaïs Saïed reste en tête des intentions de vote pour la présidentielle, et très loin devant avec un taux de 51,3%, selon le dernier sondage de Sigma Conseil, c’est la poursuite de la percée de Abir Moussi et du Parti destourien libre (PDL), qui constitue le fait politique saillant des derniers mois.
Par Imed Bahri
En effet, selon le sondage de Sigma Conseil publié aujourd’hui, mardi 15 novembre 2020, par le quotidien ‘‘Al-Maghreb’’, Abir Moussi vient en seconde position pour la présidentielle après Kaïs Saïed avec 12,6% des intentions de vote, devant Nabil Karoui crédité de 11,3%, alors que son parti, le PDL, vient en tête des intentions de vote pour les législatives avec 36,9%, contre «seulement» 17,2% pour le parti islamiste Ennahdha, qui continue ainsi de perdre du terrain, victime de ses divisions intérieures, mais pas seulement.
Ennahdha perd, en effet, bon nombre de ses électeurs traditionnels au profit de son satellite, la coalition Al-Karama, dont les positions sont plus radicales et plus conformes aux positions de la majorité de l’électorat islamiste. Il est aussi victime d’un phénomène classique, l’usure du pouvoir. Ayant fait partie de pratiquement tous les gouvernements depuis les élections d’octobre 2011, c’est tout naturellement qu’on lui fait assumer la responsabilité de l’aggravation de la crise socio-économique dont souffre le pays.
Le 3e parti au classement, Qalb Tounes, malgré les déboires judiciaires de son président, Nabil Karoui, est crédité pour sa part de 11,4% d’intentions de vote. A y voir de plus près, ce classement est un camouflet pour tous les autres partis, y compris ceux se réclamant de la ligne dite révolutionnaire (Attayar et Echaab), qui se font ainsi distancer par leurs adversaires, les «corrompus» et les «azlems», pour utiliser leurs termes.
La question aujourd’hui est de savoir jusqu’où pourront aller Abir Moussi et le PDL, sachant que les prochaines élections auront lieu, sauf surprise, en 2024. La stratégie intitulée «Tous contre Abir et les Destouriens», poursuivie par la plupart des autres partis, mettra-t-elle un coup de frein à la montée irrépressible de Moussi et de ses camarades ? Qu’on nous permette d’en douter… Cette stratégie, par contre, réussira, à coup sûr, à remettre en seille Ennahdha et ses satellites.
Bref, dans le camp dit des modernistes, la machine à perdre est déjà en marche.
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