Accueil » Le poème du dimanche : ‘‘Balance-toi’’ de May Ziadé

Le poème du dimanche : ‘‘Balance-toi’’ de May Ziadé

Poétesse, écrivaine, traductrice et journaliste libanaise, May Ziadé (de son vrai nom Marie Ziadé) est née en 1886 à Nazareth, en Palestine, et décédée au Caire, en Egypte en 1941.

Née d’un père libanais Elias Ziadé et d’une mère palestinienne Nazha Mouammar, May Ziadé a à son actif plusieurs ouvrages en arabe dont «Kalimât wa Ichârât» (Des signes et des mots) et «Zulumât wa Ichâ’ât» (Ténèbres et rayons) et un seul recueil de poésie en français, ‘‘Fleurs de rêve’’, paru en 1911 sous le pseudonyme d’Isis Copia, dont le poème ci-après est tiré. Ses influences, dont Lamartine auquel ‘‘Fleurs de rêve’’ est dédié, se retrouvent dans ses thèmes favoris comme la nostalgie, la peur du temps qui passe, la nature, le spleen

Polyglotte, May Ziadé anima un salon littéraire en Égypte et fut l’une des premières féministes arabes. Elle entretint aussi avec Gibran Khalil Gibran une correspondance intime aujourd’hui publiée dans plusieurs langues sous le titre ‘‘Lettres d’amour’’.

Balance-toi, petite plante,
Ta feuille est tendre et verdoyante,
L’air est suave de fraîcheur;
Balance-toi ! L’heure est passée
Où par le soleil oppressée
Tu pâlissais sous sa chaleur.

Balance-toi ! Le crépuscule
Déjà sur les balcons ondule
Ses fantômes mystérieux;
Et sur la nature assoupie
Coule cette paix alanguie
Qui ne peut venir que des cieux.

Oh ! Les douceurs de l’heure brune !
De deviner au ciel la lune
Quand l’azur est encore serein !
Oh ! La brise qui vous caresse !
Oh ! La chère ombre qui vous presse
Contre son chaste et moelleux sein !

Oh ! Les mille voix soupirent
Lorsque les longs stratus expirent
Quand le jour finit de mourir !
Oh ! L’or des paupières lointaines
Des étoiles qui dans les plaines
D’azur commencent à s’ouvrir !

Oh ! Les rêves du crépuscule
Quand l’ombre de la nuit circule
Que les oiseaux ne chantent plus !
Ô tendresse ! Quand la pensée
En rythmes divins cadencée
Murmure de ces mots voulus…

Quand le toit des maisons s’efface,
Que l’oeil, inquiet, perd la trace
Du Moukattam dans le lointain;
Quand à l’entour tout, calmé, rêve,
Du cœur un cantique s’élève
Au Dieu du soir et du matin;

Salut, honneur, amour, louange
À Toi qui fis et l’homme et l’ange,
À Toi qui suspendis le ciel;
Qui dans le temps et dans l’espace
Au jour, la nuit, marquas leur place,
Salut à Toi, Père Eternel !

Plante, balance-toi, palpite,
Balance-toi, danse, petite !
L’air est suave de fraîcheur;
Balance-toi ! L’heure est passée
Où par le soleil oppressée
Tu pâlissais sous sa chaleur…

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.