Après la chute du régime de Ben Ali, le concept de «société civile» fait irruption dans une scène sociopolitique mouvementée, où la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH) est devenue l’acteur principal au cœur du processus de transition. C’est ainsi qu’elle s’est emparé de tous les sujets qui suscitent le débat dans la Tunisie post-révolutionnaire : droits humains, égalité de genre, démocratie et citoyenneté, liberté d’expression, développement social et solidarité, développement local, transparence et lutte contre la corruption, bonne gouvernance…
Par Najet Zammouri *
Elle se veut partenaire des autorités locales et de la puissance publique en tant que force de proposition, d’impulsion et même d’action et non pas simplement comme des palliatifs aux insuffisances de l’Etat.
Immuniser les citoyens contre l’abus du pouvoir de l’État
Cependant, dix ans après le soulèvement de 2011, la classe politique n’a jamais été aussi fragmentée et paralysée par les luttes de pouvoir; elle est incapable d’agir. La corruption contre laquelle, le peuple s’est soulevé est toujours là, elle est endémique et s’est installée à toutes les échelles de la gestion du territoire et de l’administration. Ainsi, de multiples rôles et fonctions incombent à la LTDH englobant tous les aspects liés à la vie communautaire, dont notamment le rôle politique car elle possède une conscience juridique, culturelle et sociale qualifiée pour ce processus et est en mesure de déplacer et revitaliser la société, en encadrant le modèle de relation entre les organisations, les institutions publiques et les individus. Son rôle premier est en effet son engagement qui ne doit pas se limiter à la production de discours ou de communiqués, mais elle doit s’impliquer davantage dans les pratiques sociales et politiques publiques pour s’exprimer au nom des masses et à immuniser les citoyens contre l’abus du pouvoir de l’État.
Organisation collective pour la liberté de participation et d’expression
Cette fonction expressive, offrant aux individus la possibilité de s’exprimer et de défendre leurs droits et leurs problèmes, est une forme d’organisation collective pour la liberté de participation et d’expression, où la valeur des efforts personnels et des initiatives est valorisée.
De cette manière, la LTDH est destinée à jouer des rôles fondamentaux ayant des implications démocratiques, allant de la limitation du pouvoir de l’État, au renforcement de la participation politique, au rassemblement et au développement des intérêts, en plus de la promotion des valeurs démocratiques, de la diffusion de la culture civique, de la contribution à la réforme économique et à la promotion de la vie civique. Lorsque les affaires de la société deviennent populaires, la tâche de gérer la société ne se limite plus aux dirigeants ou à l’État… mais elle concerne aussi à la société civile.
* Membre du comité directeur de la LTDH.
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