Se prenant pour le «mufti» de la révolution, l’ancien président provisoire Moncef Marzouki, connu par sa soumission inégalable au parti islamiste Ennahdha et à l’émirat du Qatar, estime, dans un entretien la chaîne qatarie Al-Araby, que le président de la république Kaïs Saïed «fait partie de la contre-révolution».
Le professeur de droit constitutionnel, élu il y a un peu plus d’un an par plus de 72% des suffrages (alors que M. Marzouki n’en a recueillis, lui, au premier tour, que 2,97%) , n’est sans doute pas irréprochable. Il n’était pas non plus l’une des figures de l’opposition à la dictature de Ben Ali, comme M. Marzouki, ni l’un des hérauts de la révolution de 2011, mais on ne peut pas dire, sans trop forcer le trait, qu’il «fait partie de la contre-révolution». Ses positions contre la corruption, la partitocratie et le parti Ennahdha, qui incarne à lui seul tous ces maux ayant détruit la Tunisie post-révolutionnaire, en font plutôt l’un des chantres de la véritable révolution, celle qui rompt radicalement avec l’ancien système, au point de refuser de faire la moindre concession.
Mais, pour revenir à M. Marzouki, qui a eu largement le temps pour dilapider tout le capital de militantisme qu’il avait accumulé avant 2011 et pour se fourvoyer dans les positions les plus réactionnaires et les plus serviles à l’égard de l’émirat du Qatar, parrain de l’Organisation internationale des Frères musulmans, il ne faut pas se compliquer l’existence, ce qui dérange Ennahdha, dérange « Si » Moncef. Et l’ancien président de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme (LTDH) ne résiste pas à la tentation de nous le prouver encore une fois.
I. B.
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