«Quelle honte mais quelle honte! Je vais le dire et que ça lui plaise ou pas et qu’il se fâche ou pas, on t’écoutant hier à la télé, qu’est-ce que je t’ai méprisé», a lancé Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), samedi 13 mars 2021, lors de l’ouverture de l’académie politique du PDL aux propos tenus vendredi soir par Fadhel Abdelkéfi, président d’Afek Tounes, qui s’est opposé à la mobilisation par la rue pour faire fermer la succursale tunisienne de l’Union internationale des oulamas musulmans (UIOM) du prédicateur jihadiste Youssef Qaradawi.
Par Imed Bahri
Le financier converti à la politique et président d’un petit parti avait déclaré dans l’émission ‘‘Rendez-vous 9’’ sur Attessia TV, vendredi 12 mars, qu’il était contre Qaradawi et tout ce qu’il prêche est contraire à l’islam tunisien, mais qu’il fallait toutefois agir par les canaux légaux ou le changement de la législation.
Des propos misogynes émanant d’un «mâle»
Cette position, qui ménage la chèvre et le chou, n’a pas du tout plu à Abir Moussi qui a réagi en citant nommément M. Abdelkéfi et en lui disant combien elle l’a méprisé en l’écoutant, tout en poursuivant que ces gens sont ou bien des vaincus en employant l’expression dialectale tunisienne («madhroubin ala idihom») ou bien qu’ils sont islamistes dans leur subconscient.
Abir fait désormais de la psychanalyse! Elle a même ajouté, dans sa psychanalyse, que les propos de M. Abdelkéfi sont misogynes et émanent de «mâles» (elle a bien choisi le mot «mâles» et non pas hommes) qui ne se sentent pas concernés ni menacés par une telle organisation comme celle de Qaradawi, avant d’interpeller Rym Mahjoub, présidente du bureau politique d’Afek Tounes, en lui lançant «Comment peux-tu encore rester dans un parti présidé par Fadhel Abdelkéfi qui considère la lutte contre la succursale de Qaradawi comme secondaire et n’intéresse pas les Tunisiens alors que l’on te considère comme l’une des fleurs de ce pays sur laquelle on comptait pour mener ensemble la bataille de sa libération?»
Mauvaise foi ou ignorance ou les deux à la fois ?
L’attaque de Mme Moussi serait peut-être motivée pas seulement de l’attente déçue d’un éventuel soutien de la part des partis dits progressistes mais aussi parce que M. Abdelkéfi a fait preuve d’une certaines mauvaise foi, à moins qu’il ne soit mal informé, ce qui est pire pour un homme politique, car Mme Moussi avait intenté un procès contre cette succursale mais la justice, dont on a eu souvent l’occasion d’apprécier l’indépendance, l’avait déboutée et le gouvernement présidé par Hichem Mechichi, qu’elle a pourtant à maintes reprises appelé à réagir, n’a pas bougé le petit doigt. Le larbin de Rached Ghannouchi et des islamistes, qui a fait lever par la force publique le sit-in organisé par Mme Moussi devant le siège de la l’UIOM, à l’avenue Kheireddine à Tunis, ne veut pas déplaire à ceux auxquels il doit son maintien en poste. Mais pour combien de temps encore ?
Maintenant que les relations entre le très accommodant financier converti à la politique et l’intraitable Destourienne qui a mangé du lion se sont beaucoup détériorées, il faut désormais un intermédiaire pour les rétablir. Et qui mieux que l’intermédiaire Youssef Zarrouk, «mon ami de plusieurs décennies que je salue», avait dit Fadhel Abdelkéfi vendredi soir, pour s’y essayer : il pourra utiliser toute science pour y parvenir… Seul problème : Abir Moussi n’est pas du genre à fréquenter le Club nautique de Sidi Bou Saïd où sévit cet intermédiaire louche.
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