«Ils m’ont utilisé et aujourd’hui ils utilisent Kaïs Saïed et ils vont le détruire», a crié hors de lui Ahmed Safi Saïed sur le plateau de Sameh Meftah sur Carthage+ dans la soirée du vendredi 26 mars 2021. Se disant victime d’ingratitude, il accuse Zouhair Maghzaoui – qu’il prononce Zouhir dans son accent levantin –, secrétaire général du mouvement Echaab, d’avoir été à ses pieds en pleurant lui demandant de faire campagne pour lui à Gafsa, fief du journaliste et écrivain devenu député en 2019. Vidéo.
Jadis éditeur d’‘‘Africana’’, un magazine destiné exclusivement au régime de Khadhafi, qui le finançait grassement, puis, après la révolution de 2011, de l’hebdomadaire mort-né ‘‘Ourabia’’, financé par l’affairiste véreux Chafik Jarraya, en prison depuis 2017, poursuivi dans des affaires de corruption, et aujourd’hui député absentéiste, Safi Saïd tire à boulets rouges sur Zouhair Maghzaoui et ses camarades du mouvement Echaab avec lesquels il partage la même matrice idéologique nationaliste arabe. Il dit regretter de les avoir aidés, qu’il l’a fait sur la demande insistante de Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), lui-même de tendance nationaliste arabe.
«Noureddine Taboubi me demandait avec insistance de faire campagne pour ‘‘Zouhir’’ Maghzaoui et Haykel Mekki… ‘‘Zouhir’’ était à mes pieds en pleurant à Gafsa me suppliant d’aller avec lui à Douz et qui est Zouhir, c’était un employé à l’UGTT… Quant à ce lâche Khaled Krichi ‘‘atitah triha’’ (je lui ai donné une bastonnade) à l’Assemblée devant ‘‘Zouhir’’. Il ne connaissait même pas quatre personnes à Kairouan; c’est moi qui lui ai fait sa campagne. Et puis, leur candidat dans la circonscription de Tunis 2, la même circonscription dans laquelle j’étais moi-même candidat, se permettait de mettre ma photo sur ses affiches de campagne… Je leur ai payé l’essence pendant la campagne et j’ai les factures… Ils se sont instruits en lisant mes livres… ‘‘Hédoul yéibdouni’’ (ils me vénèrent comme un dieu)… Le mouvement Echaab est un organisme dépendant de l’UGTT… Ce sont des gamins», a déclaré Safi Saïd, dans ce qui ressemble à un règlement de compte. En concluant qu’il ne les saluait plus à l’Assemblée et qu’il tournait la tête quand il les croise.
La raison du courroux d’Ahmed Safi Saïd est, on l’a compris, ce qu’il considère comme l’ingratitude de ‘‘Zouhir’’ et de ses camarades qu’il a accusés d’avoir tenu des propos désobligeants derrière son dos sans qu’il ne dévoile leur teneur sur le plateau. Le lendemain ‘‘Zouhir’’ répond sèchement à son détracteur qu’il «ne répond pas aux mercenaires». Ambiance…
On ne sait pas qui a raison et qui a tort mais la mégalomanie d’Ahmed Safi Saïd, bien qu’il soit, dans certains sondages pour la présidentielle, classé second après Kaïs Saïed, ne le conduira nulle part et il sera «wala chi» (rien du tout) comme il dit dans son accent levantin, s’il persiste sur cette voie.
Imed Bahri
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