L’économie chinoise s’est distinguée en connaissant une année 2020 globalement positive, face à des pays occidentaux en berne. Au premier trimestre 2021, la tendance se confirme, puisque plusieurs indicateurs montrent la santé de l’économie chinoise. Cela durera-t-il?
Par Meriem Majdoub
L’année 2020 a impacté de manière négative la majorité des grandes économies mondiales. Mais la Chine s’est distinguée en affichant une croissance positive de +2,3 %. C’est la seule parmi les économies d’ampleur à tirer son épingle du jeu au cours de l’année dernière. Il faut cependant noter que cette hausse du PIB est peu élevée : la Chine est habituée à des progressions plus fortes depuis la fin des années 70. Elle n’avait ainsi pas connu une croissance aussi réduite depuis 1976 : la croissance de l’année 2019 était trois fois plus élevée.
Au total, la production industrielle a grimpé de +7,3% au cours de l’année 2020. Ce sont les exportations qui ont sans surprise permis à la Chine de se maintenir : ces dernières progressent de +18%.
Pour l’année 2021, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de +7,9%, et des analyses d’économistes placent également cette prévision autour de +8%. Qu’en est-il réellement, alors que le premier trimestre 2021 s’achève?
En 2021, une production industrielle en forte hausse
Pour l’instant, la production industrielle de la Chine est en très forte hausse. Selon le Bureau d’étude des statistiques (BES), la production industrielle à valeur ajoutée a progressé de +35%, rien que pour les deux premiers mois de l’année. Cela correspond à une augmentation de +16% par rapport aux deux premiers mois de l’année 2019.
En cause dans cette reprise, une tendance à rester chez soi pour les Chinois, qui n’ont pas autant voyagé qu’à l’habitude pour la Fête du Printemps qui s’est déroulée en février. Cela est dû à une politique d’incitation de la part du gouvernement : les employés choisissant de travailler plutôt que de partir en vacances ont été récompensés par des primes.
Si l’on observe la répartition, ce sont les sociétés par actions qui progressent le plus, avec +34%. Quant aux entreprises contrôlées par l’État chinois, elles affichent une progression de +23%. Enfin, les entreprises dont les financements viennent de l’étranger affichent une hausse de +41%. C’est l’industrie manufacturière en particulier qui continue de porter l’économie chinoise. Elle est suivie par l’exploitation minière puis le secteur des énergies.
Pékin renforce ses réserves de change
Afin de continuer à soutenir son yuan (RMB), Pékin a également décidé d’augmenter ses réserves de change (Forex). Les réserves Forex de la Chine représentent encore de très loin les réserves les plus importantes dans le monde, à plus de 3 300 milliards de dollars. Pour comparaison, le Japon suit avec 1 379 milliards de dollars, puis la Suisse avec 1 080 milliards de dollars. Pour la Chine, il s’agit du plus haut niveau depuis août 2016, ce qui montre bien l’intention du gouvernement de soutenir sa monnaie fiduciaire.
En fin d’année dernière, la banque centrale de Chine avait mis à jour son taux de parité central du yuan à un seuil qui n’avait pas été atteint depuis juillet 2018. D’après la porte-parole de l’Agence nationale des changes, il s’agit d’une volonté d’exister face à un dollar en déclin au cours de l’année 2020. Cette prédilection pour le yuan se voit par ailleurs au-delà de la Chine. On apprenait ainsi à la fin du mois de février que la Russie avait choisi d’ajouter le yuan à son fonds souverain.
L’économie chinoise en 2020
Sur les plateformes de trading Forex comme IronFx, le yuan susicte également l’intérêt des investisseurs particuliers. Parmi les plus de 300 instruments échangeables sur les outils de MetaTrader 4, les paires liées au yuan sont particulièrement privilégiées. Il suffit de voir la section «Trading News» du site pour s’en convaincre : le yuan chinois est particulièrement discuté.
Par ailleurs, la Chine a officiellement confirmé vouloir réduire sa dépendance au dollar, et promouvoir sa monnaie fiat en tant que réelle alternative aux billets verts. Au point que certains économistes, comme Charles Gave, considèrent maintenant que le RMB est une alternative plus que solide à l’USD. C’est donc une preuve de plus de sa solidité perçue.
L’avenir de l’économie chinoise
Début mars, les députés chinois ont approuvé le plan quinquennal de la Chine en session parlementaire. Ont été esquissées les grandes lignes directrices de ce qui devrait porter l’économie chinoise dans les années 2021-2025.
En arrière-fond, il y a la neutralité carbone promise par Xi Jinping d’ici à 2060 : la Chine devrait donc devenir un véritable moteur en termes d’économie écologique. Parmi les idées retenues, on citera ainsi les mesures de soutien aux véhicules à énergie renouvelable, qui incluent bien sûr les véhicules électriques.
La Chine veut également régler la crise de l’approvisionnement en semi-conducteurs : elle souhaite réduire les importations pour les produire elle-même. Si elle y parvient, c’est un marché de taille qui s’ouvrira à elle, la demande étant au plus haut.
Par ailleurs, la Chine souhaite favoriser la consommation des ménages, qui reste le point noir de son économie : elle correspond à seulement 40 % du PIB. Il s’agira pour le pays de réduire le recours aux exportations pour que les Chinois consomment davantage leurs propres produits. Le pays devra pour cela s’attaquer à un épineux sujet : celui des inégalités salariales, avec des aides sociales qui sont bien moins présentes que dans les grandes économies occidentales.
Les indicateurs sont donc pour l’instant résolument au vert en ce qui concerne l’économie chinoise. La diminution du recours au dollar sera cruciale pour le pays. Il pourrait ainsi parvenir à s’ériger en alternative solide face à des États-Unis dont la place n’est plus si assurée que par le passé. La clé viendra aussi d’un rééquilibrage de l’import-export, et du développement d’industries nouvelles, notamment dans le secteur de l’écologie. Ce seront donc des domaines à surveiller dans les mois à venir.
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