En restant principalement focalisés sur l’émotionnel et l’instinctif, beaucoup des médias audiovisuels tunisiens déshumanisent les citoyens, leur ôtent toute capacité de réfléchir, ne leur apprennent pas à se tourner vers les valeurs essentielles, ne les éclairent pas sur notre patrimoine et sur ce qui constitue notre identité et ne les informent pas sur les avancées de la science ou de la philosophie.
Par Amel Fakhfakh *
Aujourd’hui, vendredi 2 avril 2021, à 8h30, une femme a subi une tentative de viol dans un ascenseur, à la cité Ennasr, à Tunis. Cela fait maintenant une dizaine d’années que nous sommes gouvernés par des islamistes. Sommes-nous devenus pour autant plus pieux ?
L’idéologie que ces gens véhiculent donne ses fruits. Certes, beaucoup de Tunisiennes portent le voile et beaucoup d’hommes fréquentent les mosquées et en sortent la tête remplie de sentences qu’on leur assène à volonté et qui sont extraites de hadiths dont l’authenticité est douteuse. Mais les nobles préceptes de l’islam (l’honnêteté, l’entraide, la solidarité, la droiture, la bonté, le mérite personnel, la générosité, la loyauté, l’amour du prochain….) sont bafoués, ignorés et rarement évoqués à l’école ou dans les médias.
Formatage des esprits et abêtissement du grand nombre
Le formatage des esprits a-t-il été confié par nos gouvernants au 4e pouvoir ? Les médias semblent avoir pour fonction de rendre les Tunisiens incultes, de les amener à dénigrer le savoir et l’élite intellectuelle du pays, de les éloigner de la culture en lui substituant une sous-culture où le divertissement bébête occupe une place prépondérante.
L’accent est mis, dès lors, sur la vie privée des gens du spectacle (chanteurs, chanteuses, acteurs, actrices ou même chroniqueurs…), sur leurs faits et gestes et le peuple, ingurgite goulûment cette sous-culture qui ne laisse de place pour aucun autre type d’information instructive. C’est que, sollicitant essentiellement la curiosité malsaine, beaucoup d’émissions radiophoniques et télévisées sont principalement focalisées sur l’émotionnel, le sensationnel et l’instinctif, le tout coulé dans le moule machiavélique d’un islamisme qui ne dit pas son nom.
Le règne de l’inculture, du mauvais goût et de la vulgarité
Dès lors, tout est vu à travers le prisme déformant de cette idéologie conservatrice voire obscurantiste : la femme devient un objet de plaisir dont la simple vue suscite chez l’homme le désir sexuel et l’argent devient la condition sine qua non du bonheur.
Gravitant inlassablement autour de ces deux éléments, les spots publicitaires opèrent comme des «stimuli» qui canalisent les esprits dans un sens déterminé.
Honte à vous, les médias, qui faites des citoyens des moutons de Panurge, qui les déshumanisez, qui leur ôtez toute capacité de réfléchir, qui ne leur apprenez pas à se tourner vers les valeurs essentielles, qui ne les éclairez pas sur notre patrimoine et sur ce qui constitue l’identité tunisienne, qui ne les informez pas sur les avancées de la science ou de la philosophie et qui ne leur délivrez que des informations tendancieuses destinées à les maintenir dans une profonde léthargie, à les induire en erreur et à les acheminer vers la voie de l’inculture, du mauvais goût, de la vulgarité et de la corruption.
* Universitaire à la retraite.
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