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Ennahdha loue ses services aux cercles pro-israéliens aux Etats-Unis

Rached Ghannouchi et Ismaïl Haniya à Tunis en 2012.

Au-delà des déclarations antisionistes et anti-israéliennes de ses dirigeants, lesquelles sont destinées à la consommation populaire et à l’endormissement des partisans, le parti islamiste Ennahdha profite de la guerre en cours entre Israël et le Hamas pour louer ses services aux responsables pro-israéliens occidentaux et redorer ainsi son blason sur les plans intérieur et extérieur.

Par Imed Bahri

Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahdha et, accessoirement, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), a discuté au téléphone, jeudi 13 mai 2021, avec Ismaïl Haniya, président du bureau politique du Hamas, et Khaled Mechaal, le président du mouvement islamiste armé palestinien à l’étranger.

Ghannouchi, Haniya , Mechaal… et l’AIPAC

Au-delà des déclarations soporifiques (et qui n’engagent que ceux qui les croient) sur le soutien tunisien à la cause palestinienne et des exhortations de la communauté internationale afin qu’elle assure la protection du peuple palestinien frère de la machine de guerre israélienne, ces deux appels téléphoniques, intervenus en plein conflit armé entre l’Etat d’Israël et le mouvement Hamas, permettent au dirigeant islamiste tunisien de se rendre utile dans le cadre des pourparlers diplomatiques en cours visant à faire taire les armes et à trouver un issue pacifique au conflit, et, ce faisant, de se remettre en selle, ainsi que son mouvement, sur les plans national et international, au moment où l’Organisation internationale des Frères musulmans, dont Ennahdha et le Hamas font partie, traverse une mauvaise passe, parce que lâchée par ses deux principaux soutiens et bailleurs de fonds : la Turquie d’Erdogan et le Qatar de Al-Thani.

Ennahdha, on le sait, garde de très bonnes relations avec les dirigeants islamistes palestiniens et on se souvient du tapis rouge déroulé à Ismail Hania lors de sa visite en 2012 en Tunisie, où il avait été fastueusement accueilli par Rached Ghannouchi, Hamadi Jebali, l’ancien numéro 2 d’Ennahdha, alors chef de gouvernement provisoire, et Moncef Marzouki, l’ancien président de la république par intérim. À l’époque, Ennahdha avait même organisé des camps de formation à Ras Jebel, en Tunisie, pour des cadres du Hamas et la coopération entre les deux succursales des Frères musulmans était promise à un bel avenir.

Ghannouchi, Ennahdha et les cercles sionistes internationaux

Entretemps, Ennahdha a mis beaucoup d’eau dans son lait de chamelle et, dans sa volonté de soigner son image internationale, ternie par les assassinats des deux dirigeants de gauche, Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, en février et juillet 2013, attribués à des extrémistes religieux de la mouvance islamiste, le mouvement islamiste tunisien a pris langue avec les cercles sionistes internationaux et Rached Ghannouchi a même rencontré des dirigeants de l’American Israel Public Affairs Commitee (AIPAC), le célèbre lobby sioniste pro-israélien, très puissant aux Etats-Unis, grâce à l’entregent de Radwan Masmoudi, fondateur en 1999 du Centre pour l’étude de l’islam et de la démocratie, un think-tank basé à Washington et Tunis, œuvrant au rapprochement entre les Frères musulmans et l’administration américaine et dont les activités sont cofinancées par le Département d’Etat états-unien.

Dans la foulée, et au-delà de la logorrhée antisioniste et anti-israélienne des dirigeants islamistes, destinée à la consommation populaire et à l’endormissement des bases, très sensibles à la cause palestinienne, une délégation de l’AIPAC a même été reçue, en juin 2013, à Tunis, où elle a rencontré des responsables d’Ennahdha, alors au pouvoir dans le cadre de la «troïka», la coalition gouvernementale conduite par les islamistes (janvier 2012- janvier 2014).

Pour montrer patte blanche aux sionistes américains dont ils n’ont cessé de chercher à se rapprocher, les Nahdhaouis ont poussé leur volonté de normalisation jusqu’à faire tomber à l’Assemblée nationale constituante (ANC), en 2013, le projet de loi criminalisant la normalisation des relations avec Israël. Et ils s’opposent aujourd’hui fermement à une tentative du Bloc démocrate, formé par les partis Attayar et Echaab, de faire voter une initiative législative visant à remettre ce projet de loi sur le tapis.

Tout cela pour démasquer l’imposture des Nahdhaouis et de leurs alliés qui crient sur tous les toits leur soutien aux Palestiniens alors qu’en réalité ils entretiennent des relations très suivies et très intéressées avec les cercles sionistes à travers le monde.

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