Lui Valentino Rossi le virtuose, le maître absolu de la discipline reine de la course de moto. Italien d’origine, pilote sacré neuf fois champion du monde. Sa combinaison est floquée du numéro 46 son numéro fétiche. Elle Abir Moussi, une femme prolifique novice et qui ne cesse… d’innover. Elle roule la mécanique et s’attaque tout de go à une spécialité à haut risque. Rien que pour ça elle mérite le Prix de la meilleure interprétation féminine. Ils partagent la même passion dans l’absolu, la moto, lui en professionnel, elle en provocatrice. Elle a 46 ans cette année. Le hasard fait parfois bien les choses.
Par Mohsen Redissi *
Recordwoman
Elle est entrée dans le Guinness Book des parlementaires les plus loufoques : du mégaphone pour se faire entendre ou la parade mobile de l’avenue Habib Bourguiba à la clef l’arrivée au palais du Bardo. De très vieilles attractions qui ont perdu leur attrait d’avant traversent la ville. C’est le renouveau du Rallye de Tunisie qui passe par la capitale. Hélas. Sur son carnet de bord, elle ne prévoit aucune escale, aucune assistance, aucun arrêt aux paddocks pour se ravitailler en bioéthanol. C’est un hybride. Pas de chronomètre, c’est une ballade pas une course. Le temps importe peu, c’est l’effet qui est recherché. L’équipée n’a rien à cirer. Quelqu’un agite le drapeau à damier annonçant l’arrivée du vainqueur. Comme toujours, elle a franchi la ligne blanche la première au volant de la voiture «zéro» celle qui passe toujours et chaque fois avant tous les autres concurrents, son cortège la suit pare-choc contre pare-choc en lançant des coups de klaxon à faire entendre un sourd.
Finie la virée en carrosserie. Sa toute dernière trouvaille est le casque d’un coureur de sport mécanique assorti d’un gilet pare-balles sans copilote pour la guider dans les dédales de la ville. Cet attirail ne garantit pas une entière sécurité. La calomnie est plus virulente, elle jette de l’eau dans le carburateur.
En tête du Grand Prix des sondages, elle a tout essayé pour attirer l’attention sur elle et sur les idées de son parti. Elle a réussi. Désormais elle est dans la ligne de mire de tous ses concurrents, qui guettent la moindre erreur pour tenter une offensive et la dépasser dans la course vers le podium.
Madame 100 000 CV
Le moteur de son bolide est encore chaud garé devant la porte de la grande salle, surpuissant après lui avoir ôté sa valve d’échappement. Elle est privée de faire les trois tours de l’hémicycle pour saluer la foule venue l’acclamer. Seuls les bipèdes sont autorisés à franchir la porte. Les grosses cylindrées restent dehors. Une scène qui ne passe pas inaperçue. Elle attend de voir la réaction du commissaire de la course dans son box, qui n’est autre que le président de la l’Assemblée des représentants, Rached Ghannouchi.
Abasourdi, ce dernier préfère garder le silence. Il ne cherche pas la confrontation directe, Il n’ose pas noter sur son carnet toutes les infractions commises par son sponsor. Il a peur de provoquer la fougue des 100.000 (c)v sous le capot. Il n’y a aucun dress code. On s’habille comme on veut, on s’habille comme on peut. Les véhicules de course sont tous homologués pas la combinaison des coureurs. La tenue est un moyen d’expression comme un autre.
La Fédération tunisienne de motocyclisme et activités associées compte parrainer Valentino Moussi. Ses adhérents sont en train de chevaucher leurs idées. Ils veulent profiter de l’inter-saison pour rejoindre la nouvelle écurie Smoothie (ndlr prononcer Smoussi en français). Ils sont sûrs de progresser au sein d’une équipe qui a à sa tête un coureur en jupe grossi à l’extrême par son incroyable accoutrement, tel un bibendum. Vive et rapide malgré ses rondeurs. Constamment en pole position, elle vrombit et accélère en un quart de tour en écrasant la pédale. Elle laisse à la traîne ses concurrents et ses détracteurs. Elle les étouffe de l’odeur de la gomme chauffée de ses pneus. L’asphalte garde les traces de ses dérapages médiatiques. Elle s’en fout des émissions à effet de serre et du bonus-malus écologique. Elle réglera ça plus tard dans la Commission de l’industrie et de l’énergie du parlement à sa façon. A-t-elle besoin du Docteur** pour des leçons de soutien (études) de conduite cool et raisonnée ?
Intouchable !
Considérée comme une inapprochable de part sa fonction d’élue du peuple et des sondages. Son immunité parlementaire, une assurance tous risques, la couvre largement. Les autorités ne peuvent ni la déclasser ni la pénaliser, elles s’en prennent à un plus petit qu’elle, l’agent de sécurité qui n’a pas mesuré l’étendue de son erreur en prêtant à la présidente de la nouvelle écurie sa combinaison le gilet pare-balles, son gagne pain. Pour la court-circuiter elles se vengent d’elle en verbalisant l’agent pour le punir. Hélas c’est ainsi, la direction générale des unités d’intervention n’osera jamais s’attaquer à un morceau plus grand qu’elle. Elle risque de s’étouffer, elle se contente du peu.
Elle est sur tous les circuits, toutes les pistes et toutes les courses mêmes celles qui mènent nulle part. Elle semble être increvable. À courir plusieurs lièvres à la fois, elle risque de se trouver dans une voie de garage.
* Fonctionnaire international à la retraite.
** Valentino Rossi surnommé «The Doctor», l’expert du pilotage sur deux roues.
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