Invité régulier sinon permanent de la chaîne Nessma TV, Ridha Belhadj, avocat de son état, fait des efforts très louables pour défendre le patron de la chaîne Nabil Karoui, poursuivi en justice pour évasion fiscale et blanchiment d’argent. Mais comme ce dernier vient d’être libéré sous conditions, il semble avoir porté son intérêt sur une «autre victime du système», le chef du gouvernement Hichem Mechichi.
Par Imed Bahri
Que la marionnette du parti islamiste Ennahdha et de ses deux principaux alliés, Qalb Tounes, présidé par le même Nabil Karoui, et Al-Karama, soit l’un des hommes politiques les plus décriés et les plus impopulaires en Tunisie ne dérange nullement le directeur de cabinet de l’ancien président Béji Caïd Saïed, aujourd’hui secrétaire exécutif d’un nébuleux parti appelé Al-Amal, constitué par un ramassis de libéraux égarés, anciens membres de Nidaa Tounes, de gauchistes désorientés et d’excentriques centristes.
Le défenseur des plus indéfendables
M. Belhadj n’est pas dérangé non plus par le fait que le bilan de M. Mechichi soit on ne peut plus mitigé sinon même catastrophique, le pays ayant sombré davantage dans la crise politique, économique, financière, sanitaire et sociale depuis que ce commis de l’Etat est arrivé au palais de la Kasbah dans les circonstances que l’on sait, c’est-à-dire dans le giron du chef islamiste Rached Ghannouchi et du magnat de la publicité et de la télévision Nabil Karoui.
L’essentiel pour l’avocat est de défendre les plus indéfendables : après Chafik Jarraya, Hafedh Caïd Essebsi, Slim Riahi et autres Nabil Karoui (c’est à croire qu’il adore les personnes soupçonnées de corruption, incarcérées, poursuivies en justice ou en fuite hors du pays), voilà qu’il dépense aujourd’hui une grande énergie pour chanter les louanges d’un chef de gouvernement… dont les jours sont comptés.
Dans une déclaration au journal Assabah hier, vendredi 18 juin 2021, Ridha Belhadj a, en effet, déclaré que «le maintien de Hichem Mechichi à la tête du gouvernement est la seule garantie pour la stabilité de l’Etat tunisien et de ses institutions». Mais pas seulement… «Hichem Mechichi est un gage de sécurité face aux tentatives visant à faire sombrer le pays dans l’anarchie avec la mainmise du président Kaïs Saïed sur tous les leviers de l’Etat», a-t-il aussi expliqué.
Un nouveau propagandiste du parti islamiste Ennahdha
Le secrétaire exécutif du parti Al-Amal, qui, à l’évidence, ne porte pas dans son cœur tous ceux qui, sur la scène politique, expriment des positions hostiles aux lobbys de la corruption, dont justement M. Saïed, apprécie particulièrement le parti Ennahdha, lequel, faut-il le rappeler, a remplacé, au lendemain de la révolution de 2011, l’ancien Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), qui, sous la dictature Ben Ali, incarnait le système de la corruption en Tunisie.
«On ne peut pas évincer le mouvement Ennahdha de la scène politique», a ainsi insisté Ridha Belhadj, en ajoutant, sur le ton de la menace, que «tous les pays qui ont essayé d’exclure l’islam politique ont payé une douloureuse facture». Traduire : Tunisiennes, Tunisiens, l’islam politique est votre unique horizon, votre destin et votre avenir, alors soumettez vous pour ne pas subir un bain de sang !
Les compatriotes de M. Belhadj apprécieront… L’homme qui, sous la férule de feu Caïd Essebsi, disait combattre l’islam politique, n’a pas pris beaucoup de temps pour passer, avec armes et bagages, dans le camp adverse. L’essentiel pour lui est que ses intérêts personnels soient saufs. Les Tunisiennes et les Tunisiens iront, eux, en enfer, qui, on le sait, est pavé de bonnes intentions…
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