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La société civile tunisienne dénonce les violences contre les femmes politiques

Après l’agression contre les femmes-députées dans l’hémicycle de l’ARP, et notamment Abir Moussi, la présidente du Parti destourien libre (PDL), avant-hier, par les députés Sahbi Smara et Seifeddine Makhlouf (Al-Karama), la société civile féministe, militante et engagée en Tunisie a publié le communiqué collectif suivant dénonçant les violences contre les femmes politiques devenues récurrentes et scandaleuses.

Les associations féministes de la société civile, rassemblées en Coalition nationale contre les violences à l’égard des femmes (CNAV); suite aux actes abjects d’agressions et de violences misogynes dont a été victime la députée et cheffe de parti Abir Moussi, le 30 juin 2021, dans l’hémicycle de l’ARP, commis par le député, Sahbi Smara, suivi par son compère Seifeddine Makhlouf, représentant du groupe Al-Karama:

  • nous apportons à la députée Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, notre solidarité active face à cette ignominie dont elle a été victime une énième fois;
  • nous exprimons notre indignation la plus vive contre l’injure qui lui a été faite, comme à beaucoup de femmes députées avant elle, pour les réduire au silence et saper leur moral de femmes politiques et d’opposantes parlementaires;
  • nous considérons que les coups qui lui ont été portés au visage et au corps par le premier ainsi que les «billets de banque brandis en sa direction comme un appât» par le second sont une insulte à la dignité physique et morale de toutes les femmes, dont on veut par-là disqualifier l’action politique et la conquête du champ public;
  • nous estimons que ces actes de violence physique et symbolique, quoique imputables à leurs auteurs, – de vils personnages dépourvus de tout argument hormis l’usage de la violence et de la force brutale-, ne sont pas des actes isolés ou de simples dérives. Ils participent de l’impunité qui caractérise la vie politique depuis les élections de 2019;
  • nous déclarons que cette impunité n’est pas que l’absence de punition mais recouvre un contexte global de laisser-faire et d’indifférence qui encouragent la violence, dont le plus grave est le silence complice des députés et ministres présent-e-s, hommes et femmes, témoins passifs de l’agression, restés sans réactions et positions ultérieures proportionnelles à l’acte;
  • nous condamnons fermement le laxisme des autorités dans le traitement des violences multiformes à l’égard des femmes et dont les féminicides de ces dernières semaines sont une tragique illustration;
  • nous tenons pour responsables de ce climat général de haine contre les femmes, les autorités du pays, chef de l’Etat, ARP, gouvernement et appareils judiciaires qui, par leurs carences et leurs discours de légitimation des inégalités de genre sous couvert de populisme ou de messianisme ou de religiosité ou de tradition ou d’identité nationale jettent les femmes en pâtures à tous les terrorismes du patriarcat, de la domination et de la régression;
  • nous mettons en garde contre ces pratiques dont le mobile est de «gangrener» le projet d’un Etat civil démocratique et d’une société juste et paritaire pour imposer un ordre social totalitaire de contrôle des sexes;
  • nous leurs déclarons notre désaveu total et les mettons devant leurs responsabilités publiques pour remédier au plus vite et sans tarder à cet état de fait qui menace la paix sociale.
  • nous déclarons que ces faits commis dans l’hémicycle de l’ARP constituent un crime de forfaiture, une violation impardonnable du fait d’agents en charge d’une mission de représentation politique, investis de ce fait de l’autorité de l’Etat. Ils en sont indignes!;
  • nous proclamons notre engagement de continuer la mobilisation jusqu’à ce que cessent ces crimes d’Etat contre les femmes et de poursuivre leurs auteurs directs par tous les moyens légaux et judiciaires en notre possession.

Communiqué.

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