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Pourquoi Ennahdha va-t-il se débarrasser de Mechichi

Hichem Mechichi et son parrain Rached Ghannouchi.

En ce qui concerne l’avenir du chef du gouvernement Hichem Mechichi, Ennahdha continue de souffler le chaud et le froid. Si les dirigeants du mouvement islamiste affirment publiquement soutenir encore «leur» chef de gouvernement, malgré son bilan catastrophique, ils préparent, en coulisses, sa «mise à mort» politique, comme ils l’ont fait avec tous ses prédécesseurs, sans aucun état d’âme.

Par Imed Bahri

Les Rached Ghannouchi et ses partisans gouvernent depuis 2011, mais refusent d’assumer la responsabilité du bilan catastrophique de leurs dix années de mauvaise gouvernance. La durée de vie de «leurs» chefs de gouvernement étant, par définition, très courte, ils en ont «consommés» déjà près d’une douzaine. C’est la conséquence de cette stratégie de «ce n’est pas moi c’est l’autre», à laquelle ils sont très attachés, car elle leur permet de gouverner sans se sentir responsables du gâchis qu’ils commettent. C’est, du moins, ainsi qu’ils perçoivent les choses, mais les Tunisiens ne sont pas dupes de leur jeu dont l’hypocrisie n’a d’égal que l’irresponsabilité. D’autant que ces incompétents ont déjà atteint leur plus haut niveau d’incompétence, et n’ont plus aucune marge d’évolution en la matière.

Faire porter le chapeau à Mechichi de tous les ratages

Dans la logique de cette stratégie, Hichem Mechichi semble avoir atteint sa «durée de vie maximale» ou sa «date de péremption», en tant que chef de gouvernement, et la date de sa «mise à mort» politique approche à pas de géant. D’autant que ces chers islamistes ont exploité sa faiblesse et sa disposition servile à répondre à tous leurs desiderata, pour faire nommer, par son biais, leurs hommes liges dans des postes clés au gouvernement, notamment aux ministères de l’Intérieur et de la Justice, qu’ils considèrent comme leur chasse-gardée, mais aussi à la tête de nombreux gouvernorats (préfectures) et délégations (sous-préfectures), sans parler des nombreuses entreprises d’Etat et directions centrales de l’administration publiques.

Le pays étant, ainsi, sous-contrôle, Ghannouchi et les siens considèrent que les résultats des prochaines élections sont «madhmouna», pour utiliser un terme très cher au chef islamiste, c’est-à-dire garantis, et qu’ils n’ont plus intérêt à maintenir un Mechichi à court d’idées et dépassé par l’ampleur de la tâche. Autant donc lui faire porter le chapeau de ce qui n’a pas marché jusque-là.  

En se débarrassant de Mechichi, les islamistes espèrent faire d’une pierre plusieurs coups : se rapprocher du président de la république, Kaïs Saïed, dont la «tête» de celui qu’il considère un «Premier ministre rebelle» est devenue une urgence absolue, se défausser sur l’enfant de Jendouba de tous les ratages, gâchis et autres dysfonctionnements qui ont mis aujourd’hui le pays au bord de la faillite et, last but not least, redistribuer les cartes du jeu politique en faisant miroiter des plans de carrière mirobolants à quelques opportunistes au sein des habituels partis du décor démocratique, ces «libéraux progressistes centristes modernistes et patati patata», qui se bousculent déjà au portillon. Ces tarés, dont l’incompétence n’a d’égal que la prétention et qui se prennent tous pour des hommes d’Etat, s’y voient déjà. Ce sont des hommes, peut-être, mais l’Etat, depuis qu’ils hantent la scène politique et l’encombrent de leurs bruits et fureurs, il faudra repasser le chercher.    

La Tunisie a touché le fond, mais les islamistes continuent de creuser  

Reste que la situation n’a jamais été aussi explosive qu’elle l’est maintenant, du fait de la crise économique et sanitaire que traverse le pays, et que les plans des Nahdhaouis risquent, cette fois, de rencontrer une forte résistance populaire, car le peuple, qu’on a longtemps mené en bateau, ne semble plus disposé à se laisser berner. C’est du moins ce que nous sommes tentés de croire ou, tout au moins, d’espérer.

En effet, la Tunisie ne peut plus continuer sur cette pente descendante où l’ont engagée les islamistes depuis 2011. Elle a vraiment touché le fond, et la recrudescence de la pandémie de Covid-19, du fait de l’incurie des pouvoirs publics, a été le révélateur de cette descente en enfer, à laquelle il va falloir un jour, et le plus tôt serait le mieux, mettre fin, pour ne pas hypothéquer davantage l’avenir de nos enfants et petits-enfants.

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