Le chef du gouvernement Hichem Mechichi nous a gratifié, à une heure tardive de la nuit du samedi 17 juillet 2021, d’une triste scène comique où il s’est donné le rôle du Zorro qui vient, à la 25e heure, alors que le pire est déjà arrivé, rétablir une situation pandémique catastrophique dont il est, à la réflexion, le principal responsable.
Par Imed Bahri
En prenant en marche le train d’une réunion de crise au ministère de la Santé, le chef du gouvernement a cru pouvoir nous faire avaler l’idée qu’il n’était au courant de rien, qu’on lui cachait tout et qu’il exigeait de tout savoir sur une situation sanitaire que le monde entier, et pas seulement les Tunisiens, savent, depuis plusieurs semaines, qu’elle était très détériorée.
Un bateau ivre au cœur de la tempête
Cela fait plusieurs semaines, en effet, que les médecins se plaignaient des mauvaises décisions du gouvernement et de ses conséquences calamiteuses en termes d’aggravation du nombre des contaminations et des morts par la Covid-19. Et voilà que M. Mechichi, écourtant un long week-end de farniente dans la suite d’un palace de Hammamet, rejoint en catastrophe Tunis pour présider une réunion inutile et sans outputs sérieux en essayant de nous faire croire qu’il n’est pour rien dans la catastrophe sanitaire en cours.
Le chef d’un gouvernement qui tangue comme un bateau ivre au cœur de la tempête espère ainsi pouvoir, dans les jours à venir, faire porter le chapeau de ses propres manquements au ministre de la Santé, Dr Faouzi Mehdi, un homme dévoué et intègre, le seul à se démener depuis plusieurs semaines pour essayer d’éteindre les incendies qui éclataient, successivement, dans les différents centres hospitaliers du pays, du fait du manque de lits de réanimation, d’oxygène, de personnel médical et paramédical et même de médicaments.
Mechichi ou l’arroseur arrosé
Mechichi espère aussi trouver là un prétexte pour limoger Dr Mehdi et le remplacer par un dirigeant d’Ennahdha, Abdellatif Mekki en l’occurrence, que le parti islamiste veut imposer à la tête du ministère de la Santé, surtout que maintenant le pire est déjà arrivé, que les équipements médicaux et les vaccins arrivent par avions et bateaux entiers, envoyés par des pays frères et amis, et que la situation ne peut plus désormais que s’améliorer.
Cependant, la ficelle est trop grosse et la manœuvre, cousue de fil blanc, aura du mal à aboutir, et c’est plutôt sa «tête» que Mechichi doit aujourd’hui chercher à sauver. Car il risque de faire l’expérience de l’arroseur arrosé : lui, qui veut se défausser sur Dr Mehdi, risque de servir de fusible commode pour Ennahdha, qui ne veut pas assumer la responsabilité du désastre actuel.
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