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Ennahdha tire des conclusions du scandale de l’«Hasdrubal Gate»

Le scandale du week-end de farniente de Hichem Mechichi et d’autres membres de son gouvernement dans un palace de Hammamet en pleine crise de la pandémie de la Covid-19 semble avoir renforcé le clan au sein d’Ennahdha qui œuvre depuis un certain temps pour le limogeage du locataire du Palais de la Kasbah. Voir vidéo.

Par Imed Bahri

Ce clan anti-Mechichi s’est exprimé, lundi 19 juillet 2021, par la voix de Khalil Baroumi, chargé de l’information au sein du parti islamiste, qui, dans une intervention sur les ondes de IFM, dans l’émission  »90 minutes », a utilisé de nouveaux éléments de langage qui laissent transparaître un sentiment de lassitude vis-à-vis de Mechichi et une franche volonté de s’en débarrasser, mais dans le cadre d’une opération politique à laquelle prennent part toutes les parties concernées, à commencer par le président de la république, Kaïs Saïed.

Ennahdha tend de nouveau la main à Kaïs Saïed

Ce dernier, on le sait, assume la responsabilité d’avoir nommé ce commis de l’Etat, simple exécutant sans envergure politique ni compétence ni charisme, avant de se raviser et de vouloir s’en débarrasser, mais Ennahdha et ses alliés au parlement, Qalb Tounes et Al-Karama, l’ont rapidement «recruté» et mis à leur service, en lui votent la confiance et en l’utilisent comme un cheval de Troie dans leur guéguerre contre la présidence de la république.

Tout en continuant à rappeler à Saïed sa responsabilité dans la rapide ascension de Mechichi, Ennahdha cherche aujourd’hui à impliquer le président de la république dans une opération politique concertée où le remplacement de Mechichi se ferait dans le cadre d’un package sous un intitulé général de dialogue national pour la mise en plage d’un gouvernement de salut national, où les principales forces politiques seraient représentées.

Et cherche à marginaliser Moussi et le PDL…

Ennahdha cherche ainsi à faire d’une pierre plusieurs coups : se débarrasser d’un chef de gouvernement devenu encombrant et dont ils ont déjà tiré le maximum de ce qu’ils pouvaient en tirer, en termes de nominations de leurs sbires dans des postes clés de l’Etat, sortir de l’isolement où il se trouve aujourd’hui, impliquer le président Saïed et les partis de l’opposition à ses côtés dans une opération de sauvetage et, ce faisant, marginaliser son plus redoutable adversaire, dans la perspective des législatives de 2024, à savoir le Parti destourien libre (PDL) et sa tonitruante présidente Abir Moussi, qui ne risquent pas de faire partie de cet improbable attelage.

Ce scénario idéal pour Ennahdha, mais qui a peu chance d’aboutir, ressort clairement des déclarations de Khalil Baroumi qui, dans son entretien avec IFM, a semé des graines qu’il espère, lui et ses Frères musulmans, voir germer dans les semaines à venir.

Le chargé de l’information a, à plusieurs reprises, lancé des pics contre Mechichi : «Nous n’avons pas besoin de ministres qui travaillent en séance unique, qui passent leur week-end à la mer ou qui prennent des vacances d’été. Nous avons besoin de ministres qui travaillent vingt quatre heures sur vingt-quatre», a-t-il dit dans une allusion limpide au «scandale du Hasdrubalgate», qualifié de «mauvais message envoyé aux Tunisiens».

Interrogé sur l’aggravation de la pandémie de Covid-19, Khalil Baroumi a souligné la responsabilité du gouvernement qui n’a pas su gérer la crise sanitaire en prenant à temps les bonnes décisions et en les mettant en œuvre. Pourquoi alors les dirigeants d’Ennahdha affirment-ils sans cesse qu’ils sont opposés au changement du chef de gouvernement et proposent la constitution d’un gouvernement politique présidé par Mechichi ?

En réponse à cette question, le dirigeant nahdhaoui a déclaré de façon qui pourrait paraître brutale mais qui est très pesé: «Hichem Mechichi n’est pas valable en tout lieu et en tout temps», ajoutant, non sans cynisme aucun: «Nous n’avons rien gagné avec lui», laissant ainsi entendre qu’Ennahdha cherche davantage son intérêt propre que celui des Tunisiens. Mais c’est un là un simple lapsus lingue qui en dit long sur l’esprit de chapelle (ou de mosquée) qui a toujours animé les islamistes.

… et à faire porter aux autres de sa responsabilité dans le chaos actuel

«Nous sommes pour un gouvernement politique avec Hichem Mechichi ou sans lui, l’essentiel c’est d’ouvrir un dialogue sans conditions entre toutes les parties prenantes, sous la férule du président de la république, en vue de s’accorder sur un programme et de former un gouvernement fort capable de sortir le pays de la crise», a souligné Khalil Baroumi, et de préciser: «Nous n’avons pas choisi le chef du gouvernement ni les membres de son gouvernement ni ses collaborateurs au Palais de la Kasbah. Nous avons accepté ce gouvernement faute de mieux.»

Ce qui sonne comme un appel du pied en direction de tout ceux qui s’opposent à Mechichi, en vue de les entraîner dans une opération politique qui permettrait aux islamistes de se désolidariser avec le chef du gouvernement, de se défausser sur lui de tout ce qui n’a pas fonctionné dans le pays et de partager, ce faisant, avec ses adversaires la responsabilité de ses propres échecs.

«Nous n’avons jamais gouverné. Et c’est une erreur. Nous voulons aujourd’hui gouverner et assumer la responsabilité de nos décisions», n’a cessé de dire Khalil Baroumi. Traduire : Ennahdha n’est en rien responsable de la dégradation de la situation générale en Tunisie au cours des dix dernières années!

Vous ne rêvez pas! C’est, vous l’avez sans doute compris, la dernière grosse couleuvre que les Nahdhaouis veulent faire avaler aux Tunisiennes et aux Tunisiens.

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