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Tunisie : Ghannouchi menace de recourir à la rue

Ghannouchi devant la porte de l’Assemblée, fermée par l’armée / Des Tunisiens soutenant les décisions de Saïed.

«Depuis le début, nous avons appelé le peuple à combattre le coup d’Etat… A défaut d’un accord sur le retour du Parlement et la formation d’un gouvernement, nous inviterons le peuple à défendre sa démocratie», a indiqué Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste Ennahdha et président suspendu de l’Assemblée, dans un entretien, ce jeudi 29 juillet 2021, avec l’AFP.

Tout en regrettant l’absence de dialogue, aujourd’hui, avec le président de la république, qui a annoncé des mesures exceptionnelles le 25 juillet, notamment le gel de l’Assemblée et le limogeage du chef du gouvernement, Rached Ghannouchi a indiqué que le délai de 30 jours annoncé par le président , doit être la limite maximale à la suspension des institutions.

«Pendant cette période il y faudrait qu’il y ait des discussions entre le président et les partis politiques pour se mettre d’accord sur un Premier ministre, sur un gouvernement et sur la présentation de ce gouvernement devant le Parlement avant la fin du mois», a-t-il ajouté.

«Nous tenons à utiliser tous les moyens pacifiques, le dialogue, les négociations, la pression de la rue, la pression des organisations, des penseurs, la pression intérieure et extérieure, pour faire revenir la démocratie», a-t-il encore dit, en ajoutant : «Nous sommes prêts à toutes les concessions pour que la démocratie revienne en Tunisie», en réponse à une question évoquant l’éventualité des élections législatives anticipées.

«A défaut d’accord sur le retour du Parlement, sur la formation d’un gouvernement et sa présentation au Parlement, la rue tunisienne se mettra en marche sans aucun doute et nous inviterons le peuple tunisien à défendre sa démocratie», a encore déclaré le chef du parti islamiste.

Ce qu’il a en revanche oublié, en menaçant de recourir à la rue, c’est que les Tunisiens sont sortis spontanément par centaines, dans la soirée du 25 juillet, bravant le couvre-feu et l’interdiction de se rassembler, et ce, pour célébrer les décisions exceptionnelles annoncées par le président Saïed.

D’ailleurs le 25 juillet, avant l’annonce du chef de l’État, de nombreuses manifestations ont éclaté dans les différentes régions du pays, où les protestataires s’en sont particulièrement pris aux bureaux d’Ennahdha, en appelant notamment à la dissolution du parlement et à poursuivre, tous ceux, qui pendant des années ont volé le peuple et le pays.

On notera aussi que le dernier sondage d’opinion, effectué par le cabinet Emrhod Consultin et présenté hier soir, révèle que seuls 3% des Tunisiens s’opposent aux décisions exceptionnelles du président de la république, alors que 87% autres les soutiennent. Ce même sondage a révélé que 86% se sont montrés favorables au gel de l’Assemblée pendant un mois, contre 6%, seulement, qui s’y opposent….

Quant à Hichem Mechichi, également concerné par les mesures exceptionnelles, il a publié, avant-hier, un communiqué annonçant qu’il a décidé de s’aligner sur la volonté du peuple et qu’il ne s’accrochera à aucun poste, tout en affirmant qu’il fera la passation de pouvoir avec la personnalité désignée par le président pour conduire le gouvernement, en écrivant : «Je ne veux pas être un élément perturbateur ou une partie d’un problème qui compliquerait la situation en Tunisie»

Y. N.

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