«C’est facile de tout casser et détruire, les héros sont ceux qui font la paix et qui construisent», déclarait Nelson Mandela. Et cette phrase nous vient d’emblée à l’esprit en pensant au coup de maître du président Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021, qui a pris des décisions courageuses pour tenter de sauver la Tunisie d’une dérive déjà largement avancée.
Par Moncef Kamoun *
Merci monsieur le président d’avoir argué des «dangers imminents» auxquels était confrontée la Tunisie, plongée depuis des années dans une profonde crise politique, économique et sociale, pour prendre en main les destinées de notre pays.
Merci d’avoir pris les mesures nécessaires et limogé le chef du gouvernement Hichem Mechichi très critiqué, ainsi qu’une flopée de conseillers gouvernementaux et de chargés de missions.
Merci aussi d’avoir démis de leurs fonctions les ministres de l’Intérieur, de la Défense et de la Justice, ainsi que le procureur général de la justice militaire. Tout cela bien entendu a été décidé en commun accord avec l’armée; et vous avez ainsi concentré les fonctions exécutive, législative et judiciaire et ce pour pouvoir vous attaquer à la corruption d’une classe dirigeante qui a détruit notre pays et vidé ses caisses.
En effet, et vous savez mieux que quiconque que les Tunisiens s’enfoncent chaque jour un peu plus dans la pauvreté et le désespoir, sous le poids d’une crise économique et financière, aggravée par la pandémie de Covid-19, et que le pays dont vous avez la charge légale et morale approche à grands pas d’un effondrement annoncé.
Vous êtes bien placé, monsieur le président, pour bien mesurer non seulement l’ampleur de la détresse qui nous accable, mais aussi le défi gigantesque que représente pour nous citoyens la nécessité absolue de nous débarrasser de cette classe politique gangrenée par une corruption endémique, qui s’est scandaleusement enrichie, en vidant les caisses de l’Etat.
Nous sommes des millions de Tunisiens à mettre leurs espoirs en vous pour que l’Etat revienne, que l’ordre règne de nouveau et que les institutions reprennent leur fonctionnement normal.
Monsieur le président, vous qui avez été élu au suffrage universel pour veiller à la bonne marche de l’Etat, croyez-vous que cet «Etat» existe encore? Vous avez certainement entendu la voix de votre peuple qui cherche à être rassuré que ses acquis seront préservés et transmis à leurs enfants, parce que ceux censés veiller sur ses intérêts sont devenus ses voleurs. Comment, monsieur le président, se sentir encore Tunisien dans une Tunisie qui ne nous ressemble plus, un pays où le patriotisme est devenu l’exception et la traîtrise la règle, et où les citoyens souffrent de n’être même pas entendus quand ils crient?
Monsieur le président, c’est grâce à vous que notre peuple, qui était en proie au doute, à l’angoisse et à la peur, a repris espoir. Votre coup de force a suscité une grande joie dans tout le pays. Mais, attention, les Tunisiens tout comme les peuples voisins, frères et amis attendent que vous désignez rapidement un Premier ministre qui formera, tout aussi rapidement, son gouvernement. Faites vites et ne laissez pas le doute s’installer à nouveau dans nos cœurs. Vous avez besoin d’une équipe compétente, patriote, unie et solidaire à vos côtés, car, comme disait aussi Mandela «Nul d’entre nous agissant seul ne peut obtenir la réussite».
Monsieur le président, je voulais vous dire encore merci pour tout ce que vous avez fait pour ce peuple, j’espère que nous arriverons à sortir ensemble de ce long tunnel; vous êtes celui qui aura permis à notre pays de se débarrasser de toutes ces allégeances douteuses et néfastes, parce que vous avez refusé tous les compromis et toutes les compromissions, n’ayant d’allégeance que pour cette Tunisie que nous adorons tous et à laquelle nous voudrions rendre son éclat de petite nation bien tenue, progressiste, ouvertes et pacifique.
Monsieur le président, vous avez rendu à la politique ses lettres de noblesse en vous attaquant à la corruption et au clientélisme, et votre mandat a été jusque-là et restera sans doute jusqu’à la fin celui de la transparence et de la responsabilité, parce que vous avez mis fin à un système oligarchique qui gangrenait notre pays. J’espère que votre prochain Premier ministre mettra à la tête des ministères des gens instruits et compétents qui mèneront à bien leur mission au seul bénéfice de l’intérêt général. Car si, aujourd’hui, la nation tout entière fait bloc derrière vous, c’est parce qu’elle vous fait confiance et croit à votre sincérité et à votre intégrité. Puisse cette confiance se porter aussi bientôt sur les hommes que vous choisirez pour conduire le navire dans la tempête qui s’annonce !
* M.K. Architecte.
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