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Crime contre l’environnement à Sfax

«Ce qui se passe à Sfax est un crime contre le peuple», a déclaré le président de la république Kaïs Saïed et a dépêché, la semaine écoulée, Leila Chikhaoui ministre de l’Environnement, pour tenter de résoudre le grave problème environnemental dans la capitale économique du sud tunisien. L’affaire, loin d’être réglée, continue de faire grand bruit.

Par Moncef Kamoun *

Je n’arrive pas à croire ce que je vois ces dernières semaines à Sfax. Vous êtes certainement choqué vous aussi par ce scandale: la ville est devenue une déchetterie à ciel ouvert. Des montagnes de déchets de tous genres, partout des images impressionnantes témoignent d’une catastrophe écologique. Sur le bord des routes, de toutes les routes et même dans les terrains isolés, les décharges sauvages sont devenues un paysage habituel, des déchets de parpaings, de bris de béton, de tuyaux de PVC, de gravats, de pneus, de produits dangereux comme les bouteilles de gaz… On trouve même des carrosseries de voitures, auxquels il faut ajouter les colonies de mouches et moustiques et tant pis pour l’environnement!

Y a-t-il un pilote dans l’avion?

Tout le monde parle d’une première à Sfax. Qu’est-ce qui se passe? Et quelles sont les raisons qui font que la ville croule sous toutes ses ordures ?

Le caractère polluant des déchets qui s’amoncellent partout ne semble pas déranger les responsables ou du moins ceux d’entre eux qui sont encore en poste, la région étant sans gouverneur (préfet) depuis le limogeage de celui qui y était en place. Ils ont bien laissé les habitants faire éclater leur colère dans d’inutiles micros-trottoirs et la situation ne fait qu’empirer, toujours dans l’espoir que l’État s’engage à lancer un plan d’urgence mais toujours rien.

L’inaction des pouvoirs publics est telle qu’elle traduit une certaine impuissance, au point que l’on se demande s’il y a un pilote aux commandes, l’envoyée du président de la république ayant déclaré, à la fin de sa visite dans la région, qu’elle n’avait pas de baguette magique pour régler ce problème surtout que les difficultés environnementales de la région datent de plusieurs années et que la résistance de la population n’aide pas à trouver des sites pour abriter des décharges publiques ou à rouvrir celles existantes et qui ont été fermées pour cause de saturation.

Non, madame la ministre, depuis deux décennies tout se passait très bien à Sfax et la gestion des déchets (récupération, valorisation et recyclage) s’est toujours basée sur un système auquel sont associés acteurs publics et privés d’une part et, d’autre part, acteurs formels et informels de la récupération.

Des pouvoirs publics sans… pouvoirs

Qu’est-ce qui s’est passé entre-temps ? Pourquoi n’a-t-on pas prévu suffisamment à l’avance la saturation du système existant et mis en route des solutions de rechange ? À quoi ont servi toutes les élections, les nominations et les promotions des responsables régionaux ? Qu’ont-ils fait de toutes leurs promesses ?

La municipalité de Sfax a toujours été responsable du nettoyage des voiries ainsi que de la collecte des déchets et de leur acheminement jusqu’au centre de transfert de Thyna et à partir de là, les déchets deviennent la responsabilité de l’Agence nationale des gestion des déchets (Anged) qui les transporte aux décharges contrôlées dont elle a la responsabilité sur le plan national. Il suffisait alors de continuer à bien gérer ce système, de prévoir les goulots d’étranglement et de leur trouver des solutions adéquates. C’est juste une question d’organisation, de planification et d’engagement. Qualités qui semblent cruellement manquer aujourd’hui aux responsables régionaux comme nationaux, élus comme désignés par l’administration centrale. C’est désespérant…

*M.K Architecte.

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